Cet été, c'est une certitude, Il n'y aura pas de férias avec ses dizaines de milliers de festayres. Si Béziers a annoncé une corrida pour le 15 août, les arènes du Sud Ouest restent prudentes et espèrent des rendez-vous tauromachiques de fin de saison. Pour voir les toros, il faut aller à la source.
« Complet » ! En quelques jours, les rendez-vous de la première Feria Del Campo ont affiché « no hay billetes ». Privés de corridas, novilladas et autres dates taurines en France et en Espagne, les aficionados sont invités à découvrir les élevages de toros braves. Après l’annulation en cascade des différentes férias, des acteurs de la tauromachie ont imaginé une temporada directement, au plus proche des toros, pour soutenir les ganaderias et les toreros français.
Julien Lescarret, ancien matador landais, est l’une des chevilles ouvrières de cette initiative : « C’est avant tout un élan de solidarité écoresponsable vers les élevages. Ce sont eux qui souffrent le plus de cette situation. L’idée est de se retrouver autour des toros, avec tout l’esprit festif et la création artistique qui y sont associés. Il fallait créer une dynamique positive ».
Retour aux sources
Neuf dates ont été programmées sur les mois de juillet et août dans les élevages du sud-est et du sud-ouest, dont les trois Landais : La Espera, Casanueva et Malabat mais aussi les Gersois : Camino de Santiago et Le Lartet.
C’est une manière d’être responsable du travail de sauvegarde d’un patrimoine génétique que les éleveurs ont eu tant de mal à construire. Et puis la tauromachie, c'est des valeurs humaines, le plaisir de retrouver ses amis
Au programme de ces journées : la visite et les coulisses des campos, repas, musique, expositions, tientas et novilladas dans les arènes privées des ganaderias. Les mesures sanitaires seront appliquées dans le cadre des obligations en vigueur.
Les ganaderias françaises qui vivent avec l’agrotourisme ont les structures et les équipements nécessaires pour recevoir du public. « C’est une manière d’être responsable du travail de sauvegarde d’un patrimoine génétique que les éleveurs ont eu tant de mal à construire. Et puis la tauromachie, c'est des valeurs humaines, le plaisir de retrouver ses amis. C’est aussi l’occasion de faire travailler des traiteurs ou des musiciens. Nous devons, plus que jamais, valoriser la culture locale et notre patrimoine ».
Dans cette démarche, Julien Lescarret s’est associé à des toréros français comme le Landais Thomas Dufau et la société événementielle Top Évasion.
Le succès a été immédiat chez les aficionados en manque de leur passion. Pour l’heure, aucune date supplémentaire n’est prévue. Julien Lescarret plaide pour un retour des spectacles dans les arènes le plus vite possible : « Les spectacles ne sont pas interdits, mais encadrés par un protocole sanitaire. Il faut s’adapter à cela. Aujourd’hui se dessine la tauromachie de demain ».
Première grande affiche à Béziers
Beziers FRA no serán dos corridas como decían, sí una corrida y un festival como publicamos. El 15 de agosto toros de Robert Margé para @LeaVicens, @EPonceOficial y @castella_gm y el domingo 16 festival benéfico aún sin cartel @portaltaurino pic.twitter.com/zttTNtQJI6
— Portal Taurino (@portaltaurino) June 13, 2020
Depuis l’annonce de la nouvelle phase de déconfinement et ses mesures sanitaires assouplies, les arènes frémissent à nouveau. Béziers, dans l'Hérault, a pris les devants en annonçant une corrida le 15 août prochain.
Les arènes de Béziers peuvent assumer la jauge de 5 000 spectateurs
Pour Zocato, écrivain et chroniqueur taurin, «Béziers peut se permettre d’organiser cette corrida. Robert Margé, le directeur des arènes, y présentera ses toros. Sebastien Castella est la Figura locale et Enrique Ponce, initiateur du retour de beaucoup de spectacles en Espagne, va toréer pour presque rien. Les arènes de Béziers peuvent, en plus, assumer la jauge de 5 000 spectateurs ».
Une probable temporada d'automne à Mont de Marsan , Dax, Bayonne
Dans le Sud-Ouest, les grandes férias sont pour l’heure annulées. L’équilibre financier d’un spectacle taurin dépend beaucoup de la fête qui gravite autour des arènes et du remplissage de ces dernières.
Il n’y aura pas de Madeleine, on ne reviendra pas là-dessus.
À Mont de Marsan, l’esprit de la Madeleine pourrait faire une apparition le week-end du 25/26 juillet. Charles Dayot, réélu maire, a réuni plusieurs fois les cafetiers de la préfecture landaise : « Il n’y aura pas de Madeleine, on ne reviendra pas là-dessus. Mais cette semaine-là, et durant l’été, nous réfléchissons à des animations post COVID compatible ».
Pour les toros dans les arènes du Plumaçon, il faudra attendre : « Il est impossible d’organiser des corridas pour le mois de juillet. Mais j’ai demandé à Christophe Andiné, le président de la Commission Taurine et Jean Baptiste Jalabert, le prestataire de service, de se tenir prêts pour que Mont-de-Marsan puisse participer à la temporada. »
À Dax, la nouvelle commission taurine installée cette semaine et menée par Eric Darrière dit se tenir prête aussi pour organiser des spectacles dès que les conditions sanitaires seront favorables. Si de grands doutes persistent pour le mois d’août, les aficionados espèrent plus que jamais la tenue des corridas pendant le festival Toros y Salsa à la mi-septembre.
À Bayonne, il n’y aura aucune communication avant le second tour des élections municipales le 28 juin. Mais là aussi, « la planète toro » croise les doigts pour une version de la Feria de l’Atlantique les 4, 5 et 6 septembre 2020. Les fêtes à cheval entre juillet et août sont quant à elles définitivement annulées ainsi que les spectacles taurins de l’été.
Face aux nombreux défis post-pandémiques l’UVTF s’engage dans un ambitieux programme durable et solidaire pour l’avenir de la tauromachie ??. Retrouvez l’intégralité de notre communiqué ?? pic.twitter.com/ceDzQJ8UZF
— UVTF (@UVTF1) June 16, 2020
Malmenée en France, mais aussi en Espagne, la tauromachie est une fois de plus fragilisée par les conséquences de la crise du COVID 19. Un ennemi que personne n’avait vu venir. Pour sauvegarder l’économie et la tradition du toro de combat, les 50 villes françaises membres de l’UVTF (l’Union des Villes Taurines Françaises), vient de s’engager dans une vaste refonte du modèle économique tauromachique.