Contrairement à ce qu'elle avait annoncé la veille, la marine portugaise affirme ce 23 janvier qu'elle n'a pas retrouvé le corps de Jean-Jacques Savin à bord de son canot. Le Français tentait de traverser l'Atlantique à la rame. Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête pour disparition inquiétante.
Le corps de Jean-Jacques Savin, septuagénaire parti affronter l'océan Atlantique à la rame à bord d'un canot, n'a finalement pas été retrouvé. La marine portugaise a démenti, dimanche 23 janvier, la triste nouvelle qu'avait communiqué, la veille, l'entourage du baroudeur originaire d'Arès en Gironde, sur le bassin d'Arcachon.
Son bateau a été vu retourné sur l'océan.
"Les recherches se sont terminées hier en fin de journée [samedi 22 janvier, NDLR] sans qu'il ait été possible de retrouver la victime" a expliqué la marine lusitanienne, après avoir retrouvé l'embarcation de Jean-Jacques Savin au large de l'archipel des Açores (Portugal).
Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête lundi 24 janvier pour disparition inquiétante.
"Il y a eu des confusions"
Ce communiqué vient contredire les proches du navigateur de 75 ans qui avaient annoncé son décès le 22 janvier Ils affirmaient alors que son corps avait été "retrouvé sans vie" dans son canot, baptisé L'Audacieux.
Interrogée le 23 janvier par l'AFP, la porte-parole de la marine portugaise a précisé que les secouristes avaient eu "des raisons fortes de croire qu'un corps pouvait se trouver à l'intérieur" au cours de l'opération de sauvetage.
Contactée, l'équipe du Girondin, restée en France, se dit "ecœurée" par la publication dans la presse de l'embarcation retournée retrouvée par les Portugais, cela même avant que les proches aient été prévenus par les autorités de sa découverte.
"Il y a eu des confusions que nous cherchons actuellement à éclaircir. Nous n'en savons pas plus. Nous sommes en attente d'informations des autorités portugaises", répond l'équipe du Girondin, restée en France. Elle n'a plus reçu signe de vie de Jean-Jacques Savin depuis le vendredi 21 janvier à 00h34, après le déclenchement de deux balises de détresse, signe de "grande difficulté".
Découverte de documents
Le premier navire de marine marchande à avoir rejoint la position d'où était partie l'alerte "a indiqué avoir aperçu l'embarcation et le navigateur aux premières heures du vendredi 21 janvier, mais quand ils s'est approché de l'embarcation il a indiqué que l'homme ne s'y trouvait plus".
"Un des navires marchands a recueilli un sac imperméable qui contenait à l'intérieur les documents d'identification du navigateur", a ajouté la marine lusitanienne. Lors des derniers contacts, Jean-Jacques Savin avait marqué un arrêt pour réparer son canot entre les deux archipels portugais de Madère et des Açores, au nord du premier.
De mauvais vents avaient dérouté l'aventurier peu après son départ de Sagres (Portugal) le 1er janvier, rallongeant son parcours de près de 900 kilomètres. Il a de même rencontré de graves problèmes d'énergie et de communication.
Un défi pour "narguer la vieillesse"
Mercredi 19 janvier, sur sa page Facebook, Jean-Jacques Savin alertait sur la "forte houle et la force de vent", ajoutant qu'il était obligé d'"utiliser [son] désalinisateur manuel". "Cela me coûte de l'énergie physique. Rassurez-vous, je ne suis pas en danger !", poursuivait-il.
Célèbre pour son périple en solitaire de l'Europe aux Antilles à bord d'un bateau en forme de tonneau en 2019, Jean-Jacques Savin entendait renouveler l'exploit à la rame et devenir "le doyen de l'Atlantique", "une façon de narguer la vieillesse".
Cet ancien pilote privé et conservateur de parc national en Afrique avait fêté ses 75 ans le 14 janvier à bord de son canot de huit mètres de long, 1,70 mètre de large et équipé de deux cabines et d'un poste de rame. "Je pars en vacances vers le grand large, je prends trois mois de vacances", s'amusait-il peu avant son départ.