La rétrogradation du club des Girondins de Bordeaux, qui évoluait jusqu'ici en Ligue 1, a été confirmée mardi 5 juillet. Cette décision suscite l'inquiétude quant à l'avenir du stade Matmut, qui accueille les matchs de l'équipe.
"Incertitude" est le maître mot. La relégation des Girondins de Bordeaux en National 1, confirmée mardi 5 juillet, soulève de nombreuses questions autour de l'avenir du stade Matmut à Bordeaux.
La Direction nationale de contrôle de gestion - le "gendarme" du football français - justifie sa décision par les dettes du club et le manque de confiance dans le financement proposé par son Président Gérard Lopez.
"C'est un choc, une catastrophe pour le monde sportif, et pour tout un territoire, les supporters, et les salariés menacés dans leur emploi", s'alarme Alain Anziani, président de Bordeaux métropole. Cette rétrogradation au niveau amateur est en effet une terrible nouvelle pour le club, car elle se traduirait par une liquidation de sa branche professionnelle.
De quoi compromettre l'avenir du stade Matmut, inauguré en 2015. La métropole, son propriétaire, est liée à la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA) - filiale de Vinci et Fayat - par un partenariat public privé (PPP) jusqu'en 2045.
Les Girondins de Bordeaux sont, quant à eux, tenus de verser un loyer de 5 millions d'euros par an à la métropole. Ils sont aussi liés à la SBA pour la mise à disposition du stade lors des matchs. Mais avec une équipe rétrogradée, le club n'aurait plus les moyens de payer ses créanciers. D'autant que, selon les termes du contrat, "le stade doit être forcément occupé par une équipe professionnelle", rappelle l'actuel maire de Bordeaux Pierre Hurmic.
La SBA risque de déposer le bilan
Alain Anziani dit avoir "lancé un SOS à la ministre des sports" pour réunir le conseil national olympique, dans l'espoir de faire modifier la décision. "S'il ne va pas dans le sens souhaité, on saisira le tribunal administratif", prévient-il; lors d'une interview au journal de France 3 Aquitaine, à la mi-journée. Le FC Girondins de Bordeaux a lui aussi annoncé un recours.
En cas de rejet, la métropole s'expose aussi à un autre problème. Le Stade Matmut, qui accueille les rencontres des footballeurs, pourra-t-il faire face ? Si non, la métropole bordelaise risque de devoir gérer seule l'avenir de ce grand équipement.
"Pour arrêter de faire des pertes, la seule possibilité pour la SBA est de déposer le bilan", assure Matthieu Rouveyre, élu socialiste, donc dans l'opposition au moment de la signature des contrats par Alain Juppé, alors maire de Bordeaux, en 2011.
Ce contrat prévoit notamment le paiement de sommes par la SBA à la métropole, et ce quelque soit sa situation financière. Problème, "ces recettes garanties à la métropole sont supérieures aux bénéfices que peut dégager la SBA." Cette dernière, fortement déficitaire, menaçait déjà de jeter l'éponge en novembre 2021, comme le rapportaient nos confrères de Sud-Ouest à l'époque.
"Ca va être la bérézina"
Conformément aux termes du contrat, si la société décide effectivement de mettre la clé sous la porte, les banques lui ayant prêté de l'argent pour ce projet deviendront bénéficiaires des sommes que la métropole s'est engagée à payer.
Concrètement, cela signifie que la collectivité continuera jusqu'en 2045 de supporter le coût du loyer d'un stade qui ne sera ni entretenu, ni exploité, et ce sans recevoir aucune contrepartie financière. "Ca va être la bérézina", résume Matthieu Rouveyre, qui avait à l'époque dénoncé ces conditions contractuelles très risquées.
"Cette mobilisation de l'argent public, comment la métropole va l'envisager? Ce sera peut-être de l'argent en moins pour les transports par exemple", s'alarme celui qui a quitté la politique mais s'intéresse toujours aux finances publiques.
La métropole doit désormais plancher sur des solutions pour limiter la casse. Contacté par nos soins, le service de presse de SBA ne nous a pas donné de nouvelles.