Le harcèlement scolaire, l'écrivain bordelais en a fait un livre pour ados : comment tu m'as fait mourir. Pendant l'année scolaire, Gilles Abier en parlera avec des collégiens. Une invitation à échanger sur un thème longtemps tabou qui touche aujourd'hui près d'un élève sur trois.
La Covid les a privés de salons littéraires jusqu'à nouvel ordre. Alors certains auteurs partent directement à la rencontre de leurs lecteurs. Et ceux de Gilles Abier sont des collégiens. L'écrivain bordelais a écrit une trentaine d'ouvrages jeunesse qui traitent entre autres des problématiques de l'adolescence. Pendant cette année scolaire, il se rendra régulièrement au collège de Claude Boucher à Cognac pour dialoguer avec les élèves. Ce jour là, il présente à une classe de 6e son dernier livre, "Comment tu m'as fait mourir" aux éditions Slalom.
L’histoire de Félix, un lycéen qui se fait harceler par des élèves de sa classe et qui décide d’écrire un texte dans lequel il sacrifie ceux qui lui font vivre un enfer.
"Et il inclut un professeur", précise Gilles Abier "parce qu’il estime que ce professeur a été témoin de choses et qu’il aurait du en tant que figure d’autorité intervenir".
Les élèves n'ont pas encore lu son livre mais des histoires de harcèlement, ils en connaissent et ils racontent avec leurs mots.
"Ma famille a beaucoup connu le harcèlement surtout mes frères et sœurs parce qu’ils n’avaient la corpulence des grands athlètes".
"Il y avait un petit groupe, ils faisaient les beaux, ils insultaient mon ami, ils disaient qu’ils était homosexuel"
Moqueries, brimades, humiliations, insultes...Selon l’observatoire de la Santé, 700 000 élèves sont harcelés chaque année, avec des conséquences plus ou moins graves. Certains tombent peu à peu en échec scolaire. D’autres souffrent de traumatismes plus profonds (angoisse, dépression, troubles du sommeil) qui peuvent les conduire au suicide, dans les cas les plus graves.
Amplifié par les réseaux sociaux, le phénomène touche les élèves dès l'école élémentaire. En France, toujours selon l'observatoire de la santé, plus d’"un élève sur dix scolarisé en CE2, CM1 et CM2 est victime de harcèlement scolaire. 3% souffrent d’un harcèlement jugé « sévère »". En sixième, le chiffre monte à 10% des collégiens touchés, dont 7% d’une forme grave. Au lycée, la situation est moins marquée avec près de 4% des lycéens impactés.
Le harcèlement scolaire a longtemps été un sujet tabou mais note l'observatoire, " il fait aujourd’hui l’objet d’une prise de conscience de la part des familles, de l’Education nationale, mais aussi du gouvernement".
La victime de harcèlement scolaire peut saisir l'éducation nationale. Elle peut aussi porter plainte quelque soit son âge contre les auteurs. Les coupables de faits de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent des peines de prison comprises entre 6 et 18 mois et des amendes pouvant aller jusqu'à 7500 euros. Les mesures et sanctions applicables aux mineurs de moins de 13 ans relèvent de dispositifs spécifiques.
Pourtant, en parler n'est pas toujours facile. Interrogé par Gilles Abier, nos collégiens l'expliquent :
On ose pas trop parler parce que, des fois, il y a des gens qui nous menacent si on le dit, on va avoir des problèmes…
Pourtant, l'auteur bordelais les rassure :
Le fait d’en parler et de voir les réactions bienveillantes autour de lui, ça va lui apporter des choses positives.