Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault déclare, dans une interview à L'Usine nouvelle partager le diagnostic du rapport Duron sur les transports, qui propose de différer la construction de plusieurs lignes de train à grande vitesse dont la LGV Bordeaux-Hendaye. Seule Bordeaux-Toulouse est retenue.
Accusant le précédent gouvernement d'avoir commis " une erreur et un mensonge " en laissant croire que le secteur pourrait bénéficier de 250 milliards d'euros en vingt ans, M. Ayrault assure que le rapport Duron " sort de ce mensonge et fait un diagnostic précis, que je partage, de nos besoins de transport ".
Ce rapport de la commission Mobilité 21, dirigée par le député PS Philippe Duron doit être remis officiellement aujourd'hui, le 27 juin, au gouvernement. Il ne retient qu'une seule LGV (Bordeaux-Toulouse) à l'horizon 2030. Il privilégie la desserte ferroviaire de proximité au lieu de la grande vitesse.
Le chef du gouvernement propose de " reprendre à notre compte ses recommandations préalables : continuer à investir, axer nos interventions sur la qualité de service, investir là où c'est le plus utile pour la croissance du pays ".
Aux élus regrettant de voir leurs projets de grande vitesse reportés à après 2030, il répond que " le pays est largement maillé, par des voies ferrées et des autoroutes qu'il faut rénover. Je sais que ce grand maillage est imparfait et nous le corrigerons. Je leur réponds aussi que les grandes métropoles dont ils sont souvent élus doivent tirer la croissance de la France. Je leur dis que les nouveaux projets ne sont que la partie émergée d'un iceberg dont le reste est constitué des réseaux qui doivent être profondément rénovés, tant pour les infrastructures que pour le matériel roulant ".
" Les choix que nous aurons à faire avec les élus, dans la concertation, ne consistent pas à se demander si nous mettrons des moyens dans les transports. Nous les mettrons. La question est de savoir de quels types d'investissements nos territoires ont le plus besoin à court et moyen terme ", ajoute le Premier ministre.
Que dit le rapport Duron ?
La commission Mobilité 21 a hiérarchisé les grands projets d'infrastructures de transports en trois grandes phases. Le rapport propose ensuite deux scénari.
En haut des priorités, la modernisation de nombreux "noeux ferroviaires" (la gare de Lyon et celle de Saint-Lazare à Paris, la Part-Dieu à Lyon ou la Saint-Charles à Marseille).
Une seule ligne à grande vitesse comme prioritaire avant 2030 : l'axe Bordeaux-Toulouse, pour un coût de plus de sept milliards d'euros.
Malgré la colère des élus de région, les autres lignes à grande vitesse dont Bordeaux-Hendaye mais aussi Paris-Orléans-Clermont-Lyon, la fin de la ligne Rhin-Rhône et le barreau Poitiers-Limoges sont renvoyées après 2030, en dehors des priorités immédiates du gouvernement.