Bordeaux : le plan d'urgence pour l’hôpital public ne convainc pas le personnel soignant

Le plan d'urgence pour l'hôpital public annoncé ce mercredi par le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn ne rencontre pas l'adhésion du personnel du CHU de Bordeaux qui déplore une scission entre Paris et la province.
 

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"En province, on se sent oublié. Comme d'habitude, commente laconiquement Cécile Mata, manipulatrice radio au CHU de Bordeaux et élue CGT.
Bordeaux, c'est quand même la deuxième ville de France où l'immobilier explose. Et encore une fois, rien n'est fait pour ces grandes villes".

"Les braises sont loin d'être éteintes"

Une réaction qui fait écho à l'annonce faite ce mercredi par le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn d'accorder une prime de 800 euros net pour les infirmiers vivant à Paris et en petite couronne, et gagnant moins de 1 900 euros par mois.

Cette mesure fait partie du "plan d'urgence pour l'hôpital public", présenté ce jour après plusieurs mois de grève chez le personnel de santé. Un plan qui a déçu le personnel hospitalier du CHU de Bordeaux.
"On se sent en colère, pas écouté. Ce ne sont que des annonces choc qui sont faites pour calmer le feu mais les braises sont loin d'être éteintes, a poursuivi Cécile Mata.
Ça ne suffira ni à compenser le matériel défectueux, ni à revaloriser par des primes le personnel qui est à bout de souffle et en a clairement assez".


Ecoutez les réactions du personnel soignant 


Parmi les autres mesures annoncées ce mercredi : une reprise partielle de la dette des hôpitaux, un budget augmenté de 1,5 milliard d'euros sur trois ans,  ou encore une prime annuelle d'environ 300 euros qui, selon Agnès Buzyn pourrait concerner jusqu'à 600 000 professionnels.

"Il y a plein de milliards, y'en a pas pour les agents, déplore de son côté Alain Es-Sebbar, secrétaire départemental de la CGT Santé. On parle des aides-soignants, des infirmières, mais à l'hôpital il n'y a pas qu'eux. Il y a aussi les agents des services hospitaliers. On n'en parle pas.


C'est du vent. Tous les agents des hôpitaux seront présents sur toutes les manifs futures.
Alain Es Sebbar, secrétaire départemental de la CG Santé



"Aucune de nos revendications n'a été satisfaite"

Infirmière à Saint-André et membre du collectif Inter Urgence, Nancy Tardres ne cache pas sa "grosse amertume". "Nous avions des revendications précises depuis neuf mois. Nous demandions une hausse  des effectifs paramédicaux, l'augmentation des rémunérations et l'arrêt des fermetures de lit. Aucune de ces demandes n'a été satisfaite", résume-t-elle.


Nancy Tardres regrette un plan "à côté de la plaque" qui crée des divisions. "Ils opposent le personnel soignant et les médecins, Paris et la province, et même les soignants entre eux puisque la prime de 300 euros annoncée sera accordée au mérite", poursuit-elle. L'infirmière assure que la mobilisation du collectif devrait se poursuivre dans les semaines à venir.
 


Une quinzaine de démissions chez les médecins

Ces derniers mois, le malaise dans les hôpitaux a gagné l'ensemble des personnels. Au CHU de Bordeaux, une quinzaine de médecins, selon le décompte du syndicat Sud Santé, a d'ores et déjà posé sa démission.  Guillaume Valdenaire est l'un d'entre eux. Sa démission prendra effet au 1er décembre. Après dix années passées au CHU, le médecin urgentiste n'attendait plus rien des annonces gouvernementales et s'apprête à poursuivre sa carrière dans le privé à but non lucratif.
 

J'en ai assez de garder toujours mon téléphone branché au cas où on me demanderait de revenir, de ne pas savoir si je peux poser mes vacances.
Guillaume Valdenaire, médecin urgentiste démissionnaire



Pour ce dernier, ce ne sont pas les revenus mais le manque d'effectif qui est en jeu.  "Je gagne très bien ma vie en tant que médecin. Mais j'estime avoir mis ma vie personnelle suffisamment de côté, estime ce quadragénaire.  Je ne vois pas d'amélioration, et j'en ai assez de garder toujours mon téléphone branché au cas où on me demanderait de revenir, de ne pas savoir si je peux poser mes vacances."

Selon le médecin, seuls huit nouveaux médecins ont été recrutés pour compenser la quinzaine de départs.


 

Je suis fatigué. J'aime mon métier, je me voyais faire toute ma carrière dans le public. Mais je suis fatigué. Je ne pense pas que ce soit à dessein, mais le gouvernement fait tout pour que l'avenir de l'hôpital soit dans le privé.
Guillaume Valdenaire, médecin urgentiste démissionnaire

► Dans ce reportage, le personnel hospitalier réagit et pointe la faiblesse des annonces :
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