En 2024, le nombre de demandeurs de logements sociaux a atteint des sommets alors que la production de logements est historiquement basse. En Gironde, la demande est particulièrement tendue.
Trouver un logement social à l'heure actuelle ressemble le plus souvent à un parcours du combattant. À 40 ans, Arnaud Klingebie en sait quelque chose. Mais après plusieurs mois d'attente, il a obtenu il y a quelques mois le logement tant espéré.
Le quadragénaire a connu des moments difficiles. Pourtant, il dispose d'un emploi d'ambulancier. Mais c'est un accident de la vie, une séparation douloureuse, qui l'a mis en difficulté. Pendant près de huit mois l'an dernier, il a commencé par dormir à l'hôtel, devenu rapidement coûteux, puis dans sa voiture, avant d'être, heureusement, hébergé par des amis et collègues.
"Totalement inespéré ! J'étais parti pour des mois et des mois de galère. Je m'étais inscrit chez tous les bailleurs", souffle Arnaud, encore marqué par son passage à vide. Il a également cherché parmi les offres de logement "du privé", en vain. "J'ai essuyé plus d'une cinquantaine de refus quand même", témoigne-t-il.
Dès que je mentionnais que j'étais père-célibataire avec deux enfants ça n'intéressait plus du tout les bailleurs.
Arnaud KlingebieAmbulancier, longtemps en recherche de logement
C'est pourquoi il savoure aujourd'hui sa chance d'avoir pu emménager dans un T3. Il va pouvoir vivre, avec ses enfants dont il a la garde alternée, dans un appartement neuf sur le Bassin d'Arcachon et surtout, pour un loyer modéré de 624 euros.
Une demande croissante
Comme Arnaud, le nombre de ménages en attente d'un logement HLM n'a jamais été aussi élevé. Surtout en Gironde où la tension est de plus en plus marquée. Et ces difficultés d'accès au logement sont essentiellement dues à la forte augmentation des demandes. Dans sa galère, Arnaud a eu la "chance" de ne patienter que quelques mois, quand certains attendent plusieurs années.
Mélanie Brouzai, directrice de l'habiter et vivre ensemble chez Gironde Habitat le confirme, nombreux sont ceux qui ont du mal à se loger dans le parc privé. "On a de plus en plus de personnes qui ont besoin d'avoir un logement abordable et qui font appel aux bailleurs sociaux. Donc, on a des délais d'attente qui se rallongent", reconnaît-elle.
Pour avoir un ordre d'idée, "en Gironde il y a actuellement plus de 65 000 demandes en attente" détaille-t-elle, pour près de 17 000 logements disponibles, par exemple chez Gironde Habitat.
52 000 demandes en attente sur la métropole bordelaise
Muriel Boulmier est la présidente de l’Union régionale HLM en Nouvelle-Aquitaine. "Chaque demande est une histoire de vie", souligne-t-elle. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes. On compte 124 000 demandes en ex Aquitaine et 52 000 demandes rien que pour la métropole bordelaise.
Le temps d'attente dépend du secteur, mais, selon la présidente, deux critères restent essentiels : "les ressources et la composition de la famille". Viennent ensuite les situations personnelles qui doivent être étudiées par les commissions d'attribution.
Les secteurs les plus tendus se trouvent sur le littoral, en Gironde, et au Pays basque et depuis peu, dans les Landes.
Moins de constructions
Si l'offre n'augmente pas au même rythme que la demande c'est aussi parce que le nombre de constructions nouvelles ne suit pas. Les bailleurs sociaux tirent la sonnette d'alarme. "Il faudrait construire plus", assure Nicolas Hamm, directeur marketing chez Gironde Habitat. "Mais construire, c'est compliqué", par manque de fonciers, à cause du coût des matériaux et "des opérations de plus en plus difficiles à équilibrer". Et c'est le même constat chez tous les bailleurs sociaux.
Autre freins : les coûts de construction, le manque de foncier et également la notion de Zéro Artificialisation des Sols (ZAN) .
La crise du logement est persistante et de grande ampleur. En Nouvelle Aquitaine, l'une des régions les plus attractives de France, 183 000 personnes attendent toujours un logement social.