Face aux changements dans la collecte des ordures ménagères, des communes de Gironde font de la résistance. Elles contestent la fin du ramassage en porte-à-porte, remplacé par des points de collectes, qui aurait dû être mis en place au mois de janvier 2025.
Ils veulent conserver les éboueurs, leur camion et leurs bacs. Dans ces communes du Libournais et du Cubzaguais, en Gironde, la menace de voir changer le quotidien plane sur les habitants. "Ce lundi, c'était la dernière tournée des éboueurs. Sauf qu'on a refusé les bornes de collecte, donc on ne sait pas comment ils comptent nous laisser sans ramassage", avance Jean-Franck Blanc, le maire de Teuillac.
Toutes gérées par le Smicval, le syndicat mixte en charge du ramassage des ordures, 53 communes ont décidé de s’élever contre la mise en place de bornes de collecte de déchet. Sur les 137 communes gérées par le syndicat mixte, 38 autres ont obtenu un moratoire pour repousser la mise en place de ce système aux prochaines élections municipales.
"On va les stocker dans le garage ?"
Sur les bords des routes, les pancartes ont fleuri “Pas chez nous”. “On s’est regroupés entre maires, on a mis nos écharpes et on a manifesté. Cette réforme ne verra pas le jour parce que le Libournais n’y est pas favorable”, indique de son côté Jean-Franck Blanc. Si la fronde est aussi présente, c’est que ces communes ont vu les conséquences de ce changement dans les villes voisines.
À Saint-Savin, le système est mis en place ce lundi 20 janvier. Désormais, chaque habitant est équipé d’une carte qui leur permet d’accéder à tous les points de collecte du Smicval. “Elle permet d’ouvrir les trappes et les gens peuvent y déposer leurs déchets triés : ordures ménagères, emballages et biodéchets, dans leur commune ou dans les communes voisines”, détaille Alain Renard, maire de Saint-Savin et vice-président du Smicval.
Mais déjà, le système fait grincer des dents.
Ça marche une fois sur deux. Quand les poubelles sont pleines, on ne peut pas ouvrir la trappe. Il y a des poches partout.
Une habitante de Saint-Savin (Gironde)à propos de la collecte des déchets
Cette habitante craint par ailleurs que le système, pour l’heure gratuit, ne devienne payant par la suite en limitant le nombre de sacs jetés.
Pour d’autres, le problème réside dans les trajets. “Quand on travaille, on ne va pas promener nos sacs dans la voiture toute la journée. Mon point d’apport le plus proche est à 3 km de chez moi. Je ne peux pas y aller à pied. Je pense à toutes les personnes âgées”, confie une quinquagénaire de Saint-Mariens.
Aux abords des bornes, la question de la salubrité interpelle aussi les habitants. “Cet été, quand il va faire chaud, il faudra emporter son sac à chaque fois. Sinon comment fait-on ? On le stocke dans le garage, avec l’odeur et le risque d’attirer des nuisibles ?”, lâche un cycliste, visiblement agacé.
Des économies ?
De nouvelles contraintes et une nouvelle organisation que le syndicat assure bénéfique pour leur porte-monnaie. Si la taxe pourrait ne pas baisser, la mesure permettrait d’éviter “que son augmentation n’explose”. “Cette année, les communes qui étaient en point de collecte ont vu leur taxe augmenter de 0,3%. Pour les autres, c’était une augmentation de 7%”, assure Alain Renard, qui renvoie cette hausse à l’augmentation des taxes étatiques.
Le syndicat espère également réaliser des économies sur les trajets. “Avec le porte-à-porte, les camions suivent un circuit, qu’il y a des bacs pleins ou non. Là, le camion n’a plus à se déplacer autant, explique le vice-président du Smicval. Avec seul un chauffeur, nous pouvons également faire le même travail qu’avec trois agents.”
Selon le syndicat, la méthode serait aussi efficace pour réduire les coûts. De 240 kg par habitant collectés dans les communes en porte-à-porte, le poids des ordures ménagères serait passé à 170 kg dans celles passées sous le nouveau régime.
On ne va pas revenir dans les années 50 où les gens faisaient brûler leurs poubelles.
Jean-Franck BlancMaire de Teuillac
Des chiffres qui font sourire le maire de Teuillac, incrédule. “Ils disent qu’on va redire de moitié les ordures. Mais l’autre moitié va aller où ?, interroge-t-il. On voit bien ailleurs que les gens vont déposer leurs sacs dans les communes voisines”.
À Teuillac, l’édile n’est pourtant pas totalement réfractaire à la proposition. “Je veux qu’on continue à discuter pour trouver un compromis avec des points de collecte notamment en ville et des collectes en milieu rural”, avance Jean-Franck Blanc. Les maires frondeurs veulent déposer un contentieux devant le tribunal administratif pour demander l'annulation de la réforme.