"Il n'a aucun respect pour la vie humaine" : 12 mois à 10 ans requis contre les huit trafiquants d'armes

Ce mercredi 11 décembre se tenait le troisième jour d'un procès qui met en scène huit prévenus au cœur d'un vaste trafic d'armes à Bordeaux. Si les accusés refusent de reconnaitre une quelconque participation, le procureur de Bordeaux évoque une "équipe chevronnée". Il a requis des peines allant de 12 mois de prison avec sursis à 10 ans ferme.

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"Il y a un nid de menteurs ici, des vantards", attaque David Arnault, le procureur de la République de Bordeaux. Pour lui, les huit accusés font partie d'une "équipe chevronnée". Depuis le début de l'enquête pourtant, "quasi tous nient leur implication". Face à ce mutisme, le Parquet a requis des peines allant de 12 mois avec sursis à 10 ans de prison ferme.

La faucheuse, un "ultra-dangereux"

Ils ont eu beau se qualifier de "beaux parleurs", dans ses réquisitions, le procureur ne laisse pas de place au doute. Il croit à un système bien rodé, mis à jour par des écoutes téléphoniques, mais aussi des sonorisations de véhicules et des interceptions sur les réseaux sociaux comme Snapchat.

En haut de ce trafic d'armes, Jamel Bettouati, alias La Faucheuse, purge pourtant déjà une longue peine."Il continue inlassablement son trafic depuis la prison", relève cependant le procureur. De nombreux échanges pendant plusieurs semaines ont en effet permis de mettre à jour les contacts qu'il a pu avoir avec Gratien Truchon, alias Barbeu. Ce dernier, habitant à Bordeaux, va plusieurs fois à Toulouse où se trouve Jamel Bettouati. Des échanges qui permettent également de mettre à jour l'achat d'une arme d'assaut, kalachnikov, utilisée pour un règlement de compte.

L'accusateur qualifie le détenu toulousain, déjà condamné à 22 ans dans une précédente affaire, d'"ultra dangereux", il requiert à son encontre 10 ans de prison. 

"Beaucoup d'argent"

Dans cette affaire, "il y a de l’argent, beaucoup d’argent, beaucoup de voitures luxueuses, mais pas de travail, pas de ressource. Et des armes. Beaucoup d’armes", insiste le procureur de la République de Bordeaux qui revient sur le fait que certains se déclarent sans revenus. 

À commencer par Gratien Truchon, dit Barbeu. Quand le jeune père d'un enfant prend celui-ci en photo avec une énorme liasse de billets ainsi qu'une arme sur le ventre, "la symbolique est énorme, on est face à une famille unie, un mode de vie, c'est très inquiétant", insiste-t-il. Il évoque également une écoute téléphonique dans laquelle Barbeu se renseigne sur le prix pour tuer un homme, "50 000 euros" lui est alors répondu.

 

Un "homme incontournable"

Qualifié d'homme "incontournable" de ce trafic, Gratien Truchon est, lui aussi, considéré comme très dangereux par le procureur qui s'exprime à son sujet. "S'il y a une hausse de règlements de compte dans les cités, c'est à cause de gens comme Gratien Truchon", avance-t-il. Pour lui, Barbeu est en réalité "l'homme de main qu'on envoie pour les basses besognes".

Il n'a aucune limite, aucun respect pour la vie humaine.

David Arnault

Procureur de la République de Bordeaux

Qualifié, par le magistrat, de "délinquant multicarte" pour les cambriolages, le racket et le trafic d'armes, le procureur détaille le mode opératoire de l'accusé. Il "se procure des armes par des moyens légaux et illégaux", notamment par le biais de sa compagne. Il réclame 10 ans de réclusion pour celui qui pourrait fêter ses 23 ans en prison. Pour sa compagne, Johana, le procureur réclame 12 mois avec sursis.

Demande de maintien en détention 

Le procureur a également requis le maintien en détention pour tous les acteurs de ce procès ainsi qu'une interdiction de port d'arme et d'entrer en contact avec les autres. Une demande à laquelle ne serait pas soumis le jeune couple, parent d'un enfant, ainsi que la famille Pereira, également accusée.

Mayron Pereira et son père Jean-Christophe, alias JC Corléone dans les échanges sur Snapchat sont "difficiles à dissocier". "C’est une équipe structurée familiale", insiste le procureur.

S'ils se disent passionnés par les armes, d'après les écoutes téléphoniques constituant le dossier, le procureur interroge : "comment expliquer si ce ne sont que des passionnés, qu'ils s'intéressent à un appareil qui efface les numéros de série sur les véhicules et qu'ils se demandent si on peut les utiliser sur des pistolets ?" 

Cinq ans de prison sont requis contre le fils qui n'a pas de casier judiciaire et considéré comme "peut-être un peu sous l'influence de son père", sept ans sont requis pour ce dernier. 

"Détenir des armes les rend fous"

Rafik El Bagdadi, l'un des huit accusés, qui pose avec une kalachnikov, dans une photo jointe au dossier, voit requérir deux ans à son encontre. Autre prévenu à la barre, Lahcen Bennaceur est, lui, confondu par des écoutes qui ont permis de mettre à jour son intention de se venger de Barbeu qui lui devait de l'argent. Une situation qui fait réagir le procureur. "Détenir des armes les rend fous, ils sont capables de tout" et "prêts à tuer pour un différend de 5 000 euros". Cinq ans de prison sont requis à son encontre. Enfin, dernier homme sur le banc des accusés, Sofian Hedhli se voit requérir douze mois avec sursis à son encontre.

La question est désormais de savoir si les magistrats suivront les réquisitions du ministère public. Le jugement est attendu demain à 14h.

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