Quatre ans après la mort de Lionel, tué dans une fusillade à l'âge de 16 ans, l'émotion est toujours palpable dans le quartier des Aubiers à Bordeaux. En attendant le procès de ses meurtriers présumés en mai 2025, sa famille, ses amis et voisins lui rendent un nouvel hommage.
Un ballon de football déposé sur la place Ginette-Neveu à Bordeaux. Chaque face blanche est signée d'un mot pour leur ami, leur fils, leur voisin qui a tant de fois fait rebondir la balle à cet endroit. Dans le quartier des Aubiers, ce dimanche 12 janvier 2025, personne n'oublie Lionel Sess. Quatre ans plus tôt, jour pour jour, le jeune homme de 16 ans a été tué par balles dans une fusillade au pied des résidences.
"Comme si c'était hier"
Ce soir de janvier 2021, Lionel se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Il vend des boissons et des gâteaux avec des amis pour se payer des vacances au ski, lorsqu'une voiture débarque sur la place Ginette-Neveu. Plusieurs personnes armées de mitraillettes sortent du véhicule.
Dans la rafale de tirs, Lionel est mortellement touché à la nuque par une balle. Trois de ses amis sont blessés. Aucun n'a de lien avec les assaillants de cette fusillade, qui s'apparente à un règlement de compte entre bandes rivales.
Ce dimanche matin, les gerbes de fleurs à côté du ballon rond se multiplient pour lui rendre hommage. Une plaque commémorative au nom de l'adolescent est toujours accrochée sur la place. "C'est comme si c'était hier, la peine est encore là, bien présente", confie une habitante du quartier, en masquant son émotion derrière ses lunettes de soleil. "C'était un petit garçon gentil, simple, qui ne faisait de mal à personne", poursuit-elle.
Un quartier solidaire
La mère de Lionel, Rose, et son beau-père, Thierry, ont le cœur lourd. Discret, le couple est sensible aux marques de soutien des habitants de ce quartier solidaire. "Je n'oublierai jamais. Je revivrai ça, année après année. Ils m'ont arraché mon fils et sont partis avec la moitié de mon cœur", souffle la mère de famille, après avoir écrit quelques mots au marqueur sur le ballon de foot. "Repose en paix mon fils, je ne t'oublierai jamais. Maman", lit-on.
Dans le cortège silencieux qui avance vers le cimetière de Bordeaux-nord, où repose le défunt, de nombreux jeunes fixent le sol, dont son meilleur ami Guyllain, présent le soir du drame. Tous souffrent de l'absence de Lionel. "C'est très dur sans lui. C'était une bonne personne avec qui j'ai plein de souvenirs. Après l'aide aux devoirs, on allait manger au Flunch ensemble. On rigolait beaucoup", se remémore Maimouna.
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"On veut connaître la vérité"
Initialement prévu en février à la cour d'assises de la Gironde, le procès se tiendra en mai 2025. Il devrait durer onze jours, du 12 au 23, pour se pencher sur cette nuit du 12 janvier 2021 et trois autres dossiers joints de violences, tentative de meurtre et associations de malfaiteurs. Huit jeunes de 18 à 26 ans seront jugés.
"J'espère que justice sera faite, avec une peine maximale", souhaite la mère de Lionel. À ses côtés, le beau-père Thierry compte aussi sur ce procès pour "trouver la tranquillité". "On appelle au calme, jamais à la vengeance, s'émeut-il. On veut connaître la vérité. Notre enfant a été tué lâchement, sans explication. Nul n'a le droit d'ôter la vie, quelles que soient les raisons."