Dans la nuit du 13 au 14 janvier, dans l'agglomération bordelaise, le mercure est descendu à -5°C, avec un ressenti entre -6 et -7°C. Des températures hivernales, que subissent les personnes sans-abri, dont celles qui se refusent à rejoindre les foyers d'urgence.
Il tape trois coups et appelle. Lui, c'est Morti, de l'association Diamants des cités. Deux hommes, casquettes enfoncées sur la tête et serrés dans une veste, sortent pour l'accueillir. "Ça a été la nuit ? Un peu fraîche !", répondent-ils ironiques. Vraiment cette nuit, il a fait froid". Mika etr Angelo ont tous deux dormi dans un camp de fortune au bord du lac de Bordeaux qui accueille caravanes, tentes et abri précaires.
Températures négatives
"Heureusement qu'il y a des associations comme ça, qui nous donnent des couvertures, des matelas..., poursuit un des deux hommes. Merci, d'ailleurs ! ", s'interrompt-il pour s'adresser à Morti. Comme ailleurs, on discute de la météo et des températures basses : -5°C pendant la nuit. "Ce n'est pas près de s'arrêter", assure Mika qui l'a entendu à la radio. De son côté, Morti glisse aux deux hommes que "la municipalité a mis à disposition un gymnase... Donc pour ceux qui veulent y aller..." L'information se perd dans sa voix : il sait que qu'aucun des deux ne fera, pour l'instant, cette démarche.
Mika vit ici depuis neuf ans. Angelo, lui est arrivé ici "suite à un divorce". S'ils préfèrent leur campement de fortune en bordure de rocade, non loin de la zone commerciale du Lac, c'est qu'ils peuvent rester indépendants, et selon eux, en sécurité également.
C'est que des bagarres, des vols, des toxicomanes... Nous, on n'est pas des toxicomanes!
AngeloSans abri à Bordeaux-Lac
Travailleurs pauvres
Morti, le bénévole, raconte qu'ici les gens sont originaires d'un peu partout. Ces communautés représentent environ une quarantaine de personnes. "Des Français, des Maghrébins, des Polonais. Il y en a pas mal qui travaillent et qui, malgré cela, continue de vivre dans des conditions indignes".
La mairie de Bordeaux a mis une installation "pour qu'ils puissent avoir accès à l'électricité et brancher des radiateurs pour l'hiver", précise le militant associatif. Un point d'eau et des toilettes sèchessont mis en place à proximité . Comme les logements, qu'on leur propose, ne sont que temporaires, souvent près de 15 jours, et qu'ils ont toutes leurs affaires ici, "ils préfèrent rester ici et subir le froid".
Des couvertures et des chaussettes
Afin d'aider au maximum les sans-abri, l'association Précoeurité effectuait une maraude destinée à distribuer des vêtements, des produits d'hygiène, mais surtout de quoi chauffer les corps. Des couvertures, des écharpes, bonnets ou gants.
Gabriel est à la rue depuis sa sortie de prison. Il approche les bénévoles, en quête d'une couverture. Pas facile de s'organiser à subir ce froid toutes les nuits. Presque un mois qu'il vit dehors et les nuits à venir s'annoncent glaciales. "Le matin, on a les pieds gelés. Quand il faut décoller pour aller aux rendez-vous et faire des démarches", c'est plutôt compliqué, témoigne-il.
"P... Merci, merci beaucoup ! " : quand il voit la couette qu'on lui donne, c'est le soulagement pour lui. Il prendra aussi des sous-vêtements et un pull "pour mettre en dessous, se couvrir le maximum, en fait".
Mélissa la bénévole indique que toutes les couvertures ont déjà été distribuées. Comme les manteaux, c'est ce qui est recherché en ce moment et que les associations collectent. "Des sacs de couchage, des manteaux, des chaussettes"...
Autant d'équipements que ces associations seront heureuses de redistribuer si vous avez des dons de ce type à faire. Le froid devrait se poursuivre les nuits prochaines à Bordeaux.