Plusieurs associations féministes avaient appelé à manifester contre la venue d'Ary Abittan au Casino Barrière de Bordeaux ce samedi soir. Un peu plus d'une vingtaine de personnes ont interpellé le public de l'humoriste accusé de viol. L'affaire, dans laquelle il a obtenu un non-lieu en avril 2024, devrait être rejugée en appel.
Drôle d'ambiance ce samedi soir devant le Casino barrière. Les spectateurs franchissent le seuil de la salle de spectacle sous les huées d'une vingtaine de femmes. Elles se sont massé des deux côtés des sangles de sécurité, offrant une étrange haie d'honneur aux visiteurs venus ce soir assister à un spectacle d'humour.
"Bravo pour les victimes"
"Ouuh.... Le viol. Ça vous fait rire ?, C'est ça la culture du viol ! Honte à vous !, Bravo pour les victimes..." Elles interpellent les spectateurs, mais c'est à l'humoriste qu'elles en veulent. Lui qui, d'après elles, aurait tourné en dérision dans son spectacle "Authentique", son passage en garde à vue en 2021 alors qu'il était poursuivi pour viol.
Elles ne sont pas si nombreuses, mais font beaucoup de bruit et les slogans font mouche. Sur leurs pancartes, on peut lire "Riez bien d'un viol" , "Ary Abittan authentique violeur" ou encore "Séparons l'homme de l'artiste"...
La manifestation est à l'initiative du collectif Collages féministes Bordeaux et regroupe une quinzaine d'associations féministes. Une des manifestantes, qui continue par ailleurs de dénoncer le non-lieu, insiste : "sa place n'est pas au théâtre"! "L'affaire, il en rit à travers son spectacle, s'indigne-t-elle. Quel message on envoie à la société ? L'impunité ? C'est cracher aux visages des victimes !".
Ça donne un message aux hommes. Ça légitime leur violence...
Une manifestanteCollectif collages féministes Bordeaux
En venir aux mains
Vers 20 heures, à quelques minutes du lever de rideau. Le public s'approche, au compte-goutte, et brave les cris des manifestantes. Certains, visiblement mal à l'aise d'être ainsi pris à partie, baissent la tête et s'engouffrent dans le théâtre. D'autres répondent par des provocations et des gestes grossiers ou accusent les unes et les autres d'antisémitisme... De quoi en venir aux mains à une ou deux occasions. Des bagarres vite découragées par les policiers présents sur les lieux.
Ce n'est pas la première fois que des collectifs s'insurgent contre des spectacles d'Ary Abittan ou d'autres artistes impliqués dans des affaires d'agressions sexuelles. Lors du passage de l'humoriste à Lyon le 15 janvier dernier, le collectif "Nous toutes Rhône" avait également dénoncé le fait que l'humoriste continue de se produire sur scène en plaisantant sur sa garde à vue.
L'humoriste avait été accusé de viol par une jeune femme de 23 ans, qui avait porté plainte en octobre 2021. Mis en examen, puis placé sous le statut de témoin assisté, il a bénéficié d'un non-lieu en avril 2024. L'avocate de la plaignante a fait appel de ce non-lieu.