Nicolas Florian "voulait prendre sa revanche en tant que leader" pour les municipales de 2026

L'annonce de la mort de Nicolas Florian ce dimanche 26 janvier a été un choc pour beaucoup et pas seulement dans la sphère politique locale. Sa personnalité, son engagement et sa capacité à rebondir a marqué les esprits parmi ses alliés comme ses adversaires politiques. Le politologue Jean Petaux dresse le portrait de ce Bordelais convaincu, qui n'avait pas renoncé à la mairie de Bordeaux.

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"C'était une personnalité qui était dans le paysage politique depuis très longtemps". Le politologue Jean Petaux est lui aussi, comme bon nombre d'observateurs de l'actualité locale, sous le choc du décès de l'ancien maire de Bordeaux, survenu ce 26 janvier.

Depuis l'annonce de son décès en milieu d'après-midi par la famille, les réactions se multiplient. Elles viennent de toute la France. Des proches bien sûr comme des partenaires politiques ou même des adversaires politiques qui respectaient l'engagement de l'ancien maire LR de Bordeaux.  Nicolas Florian a été le successeur d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, quand ce dernier a décidé de passer la main avant la fin de son mandat, en 2019. 

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Alain Juppé son "mentor"

Le politologue rappelle cette fidélité politique de Nicolas Florian. "Il a toujours été fidèle à sa formation politique, fidèle à Alain Juppé qu'il appelait son mentor, encore récemment, dans un petit clip qu'il avait enregistré, le 6 janvier 2024". 

Nicolas Florian a toujours considéré Alain Juppé comme "son mentor". © GEORGES GOBET / AFP

François Bayrou, Gérald Darmanin, Valérie Pécresse, de nombreuses personnalités politiques d'envergure nationale ont témoigné de leur respect pour sa personne, son engagement politique.  "Il était, je crois, un homme politique de conviction, un vrai gaulliste", note Jean Petaux qui souligne l'engagement de Nicolas Florian dans les instances nationales. "C'est quelqu'un qui, à l'intérieur de la droite, a aussi eu des responsabilités nationales. On sait qu'il s'est engagé auprès de Valérie Pécresse dans son mouvement qui s'appelait "Libre". Il a eu un rôle dans la campagne présidentielle de Valérie Pécresse", rappelle-t-il.

Bordeaux est quand même une des plus grandes villes de France et succéder à Alain Juppé, ça en a fait une personnalité politique et nationale très clairement. 

Jean Petaux

Politologue

L'homme politique a aussi marqué les esprits pour sa capacité à rebondir malgré les échecs qui étaient parfois courus d'avance. " Il n'a jamais rechigné à aller au casse-pipe quand Alain Juppé le lui a demandé. Il y est allé en 2012, aux législatives, dans la deuxième circonscription de Gironde, face à Michèle Delaunay, députée sortante qui avait elle-même battu Alain Juppé en 2007".  Cette fois le mentor se désiste et pousse Nicolas Florian à y aller. "C'était une forme de sacrifice", estime Jean Petaux.

Bordelais absolument

Le spécialiste de la vie politique bordelaise décrit un quinquagénaire foncièrement attaché à sa ville de Bordeaux où il était arrivé "en provenance du Lot-et-Garonne à l'âge de 6 ans". Même dans sa vie personnelle et familiale, "il était en contact avec le milieu sportif, le milieu du rugby, ".

Son début de carrière s'effectue en tant qu'élu à Villenave d'Ornon, puis comme adjoint au maire, conseiller général du canton. C'est au Conseil général qu'il fait ses premières armes. "Il était un de ceux qui combattaient le plus vigoureusement Philippe Madrelle !", rappelle Jean Petaux.

Ce qui n'est quand même pas rien, quand vous êtes un jeune de moins de 30 ans, face à une pointure comme Philippe Madrelle.

Jean Petaux

Politologue

 "Il était passionné, je crois, pour la politique", poursuit le politologue.

Maire de Bordeaux

En sautant le pas de Villenave à Bordeaux, Nicolas Florian adhère à une forme de "tutelle politique d'Alain Juppé". "De secrétaire départementale du parti UMP, puis Les Républicains, il s'est retrouvé adjoint au maire de Bordeaux, également à la métropole, à la communauté urbaine de l'époque, avec une responsabilité au niveau des finances en tant qu'élu".

Alain Juppé, Virginie Calmels et Nicolas Florian, à la fin des années 2010, le trio politique est décrit comme "une sorte d'émulation" ou mise en concurrence de ses personnalités. "Finalement, c'est Nicolas Florian qui l'a emporté : Virginie Calmels est partie de Bordeaux en même temps qu'Alain Juppé", rappelle le politologue. 

"Le court laps de temps où il a été maire de Bordeaux, d'avril 2019 à ses municipales un peu étranges de 2020 (à cause de la période de covid, ndlr), il avait posé les jalons d'une vraie élection en 2020. Mais le sort politique en a voulu autrement" : c'est l'écologiste Pierre Hurmic qui l'emportera. 

Et maintenant ?

Avant Noël, quatre prétendants s'étaient rencontrés : Nicolas Florian, Nathalie Delattre, actuellement membre du gouvernement, Fabien Robert et Thomas Cazenave, ancien membre du gouvernement, ancien ministre. "Tous les quatre étaient d'ailleurs dans la même liste fusionnée entre les deux tours des municipales de 2020, et qui ont été battus". Il existait une émulation interne entre les quatre pour la suite, les municipales à Bordeaux de 2026.

Mercredi 22 janvier, Nicolas Florian qui ne cachait pas son ambition de reprendre la ville de Bordeaux aux écologistes, présentait ses vœux à l'Athénée municipal de Bordeaux  "Ça ressemblait quand même à un re départ en campagne", souligne le politologue.  "Il avait vraiment l'intention de non seulement s'aligner en 2026, de prendre sa revanche, mais de prendre sa revanche en étant leader".

Les acteurs politiques de la scène bordelaise, sont à ce jour tous endeuillés. Mais, note le politologue bordelais, "le moins qu'on puisse dire, c'est que les cartes sont forcément redistribuées entre ceux-là". 

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