"On voit des pubs de vodka à la sortie des collèges" : cette proposition de loi veut protéger les mineurs d'une surexposition à l'alcool

Les mineurs sont de plus en plus exposés à la promotion de l'alcool, que ce soit dans la rue ou dans des contenus d'influenceurs sur les réseaux sociaux. Une proposition de loi, portée par le député LFI de Gironde Loïc Prud'homme, vient d'être déposée pour mieux encadrer ces publicités auxquelles les ados sont particulièrement vulnérables.

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"Aujourd'hui, on voit des pubs pour du whisky, de la vodka à la sortie des collèges et des lycées." Le député Loïc Prud'homme en a fait l'affligeant constat sur sa circonscription en Gironde. La promotion de l'alcool s'invite partout : dans la rue, jusque sur les panneaux des abribus, et même dans nos smartphones. Sur les réseaux sociaux, les contenus mettant en avant les boissons alcoolisées pullulent, à la faveur d'un vide juridique de plusieurs décennies.

Régulation assouplie depuis 30 ans

En France, la loi Evin encadre le marketing sur les boissons alcoolisées depuis 1991. Celle-ci s'est "assouplie au fil des années", déplore Loïc Prud'homme. La réglementation autour des affichages publicitaires a été revue dès 1994, au bout de trois ans seulement, pour se concentrer uniquement sur le cinéma et la télévision. Un texte aujourd'hui dépassé, puisqu'il n'encadre pas les réseaux sociaux, canaux les plus utilisés pour la promotion de l'alcool, notamment auprès des plus jeunes.

Lorsque la loi Evin a été écrite, en 1990, les réseaux sociaux n'existaient pas. Trente ans plus tard, elle n'en fait toujours pas mention. Il y a une urgence à mettre à jour ce texte en prenant en compte l'évolution d'Internet.

Loic Prud'homme

Député de la Gironde (NFP)

Pour mieux protéger les mineurs face à ces publicités intempestives, le député de la Gironde Loïc Prud'homme (LFI)  et sa collègue de La Réunion Karine Lebon (Gauche démocrate et républicaine) ont déposé une proposition de loi, en décembre. Elle prévoit de renforcer les dispositions d’application de la loi Evin, principalement à travers deux mesures phares. La première : interdire les affichages publicitaires pour de l'alcool aux abords des établissements scolaires ou accueillant des mineurs, dans un rayon de 250 mètres.

Deuxième axe majeur : interdire la promotion de marque d'alcool sur les réseaux sociaux par des influenceurs non spécialisés. "Aujourd'hui, ce sont surtout les grosses multinationales, de gin ou de vodka, qui rémunèrent des influenceurs pour qu'ils parlent de leur marque dans leurs publications", constate Loïc Prud'homme. D'autant que ces posts ne sont pas systématiquement identifiés comme étant des "publicités" et la mention "l’abus d’alcool est dangereux pour la santé" n'y figure pas toujours.

Les adolescents plus vulnérables à la dépendance

La mise à jour de la loi Evin était espérée depuis longtemps par les associations de lutte contre les addictions. La consommation d'alcool diminue en France, mais reste importante. Les adolescents et jeunes adultes sont les publics les plus à risque. "Le cerveau est partiellement immature, il est donc plus courant chez eux de s'accrocher à un produit addictif et de laisser s'installer une dépendance pendant plusieurs décennies", précise Jean-Michel Delile, psychiatre et président de la Fédération Addiction en Gironde.

Selon le médecin, les jeunes auraient tendance à se tourner vers des boissons alcoolisées par effet "d'imitation", sans avoir réellement conscience des conséquences sur leur santé. En Nouvelle-Aquitaine, les structures associatives Caan'abus informent et accompagnent les jeunes "en perte de contrôle" jusqu'à 25 ans, ainsi que leurs parents, de façon anonyme et gratuite. Il en existe une dizaine dans la région, dont celle de Bordeaux ouverte du lundi au vendredi ou joignable en ligne.

La consommation d'alcool évolue chez les jeunes. Ils délaissent le vin à table pour passer à des modèles anglo-saxons à base de bière ou d'alcools forts, avec une alcoolisation massive.

Jean-Michel Delile

Psychiatre et président de la Fédération Addiction

Le texte co-écrit par Loïc Prud'homme et Karine Lebon a été signé par plus de 120 autres députés, tous les groupes politiques confondus, en dehors du Rassemblement national qui n'a pas été sollicité. Les élus attendent désormais que la proposition de loi soit inscrite à l'ordre du jour et soumise aux débats dans l'hémicycle. D'autres questions pourraient être tranchées, comme celle de la promotion des boissons sans alcool, susceptibles de troubler les consommateurs et de les entraîner progressivement vers des variantes alcoolisées.

Exemple chez nos voisins belges

"La France est à la traîne", constate le député girondin, alors que la Belgique a durci sa législation au 1ᵉʳ janvier 2025 avec une série de mesures. Chez nos voisins, aucune publicité pour alcool ne pourra être affichée dans un rayon de 150 mètres autour des écoles. Elle est également devenue interdite sur TikTok et Snapchat, plateformes préférées des 12-17 ans.

En cas d'addiction à l'alcool ou de questionnement sur votre consommation, le site Alcool info service est à votre disposition, ainsi qu'un numéro vert, le 0980 980 930.

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