Philippe Poutou compte se mettre en indisponibilité durant 5 semaines s'il obtient ses 500 parrainages et la validation de sa candidature à l'élection présidentielle. Le conseil constitutionnel donnera la liste officielle des candidats samedi.
Il ne lui manquerait plus qu'une poignée de signatures pour atteindre la barre des 500. Elles doivent impérativement arriver ce vendredi avant 18 heures dans les bureaux du Conseil Constitutionnel.
S'il obtient le feu vert, Philippe Poutou se consacrera à plein temps à la campagne alors qu'il n'a bénéficié jusque là que d'une très faible exposition médiatique.
C'est une "fierté de défendre certaines idées" nous confie t-il, "de ne pas baisser la tête, de ne pas abandonner alors qu'on voit bien que la société évolue plutôt à droite". "Malgré tout on est là, on n'a pas envie de se morfondre" ajoute le représentant du NPA.
Philippe Poutou devra attendre le 10 avril pour bénéficier de l'égalité de temps de parole dans les médias avec les autres candidats. Pour l'instant il doit se contenter de l'équité.
Les militants, maintenant que la chasse, épuisante, aux parrainages est terminée, vont aussi pouvoir se consacrer à la défense et la diffusion de leurs idées.
Regardez le reportage de Marie Neuville et Ludovic Cagnato :
Paris, 17 mars 2017 (AFP) -
Simple formalité ou course d'obstacles, la chasse aux parrainages pour l'élection
présidentielle s'achève vendredi, huit candidats ayant déjà franchi le seuil des
500 signatures requises, avant la publication samedi de la liste des prétendants
à l'Elysée.
A 18 heures, il sera trop tard: les parrainages devront être parvenus par voie
postale au Conseil constitutionnel et ce sera aussi l'heure limite des dépôts de
candidature pour l'élection des 23 avril et 7 mai.
La liste finale des parrainages, pour la première fois intégralement rendue publique
cette année, sera dévoilée samedi, comme celle des candidats.
Au dernier décompte, mardi, ils étaient huit à avoir franchi la barre des 500
signatures, le nombre de parrainages recueillis parmi un vivier d'environ 42.000
élus étant sans rapport avec la place donnée à chacun dans les sondages.
En tête, le candidat de droite François Fillon avait obtenu 2.953 signatures,
profitant malgré ses démêlés judiciaires du solide réseau de soutien des Républicains,
devant le socialiste Benoît Hamon (1.717), l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel
Macron (1.548), le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (672), le candidat de La
France insoumise Jean-Luc Mélenchon (666), celle de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud
(623) et la présidente du Front national Marine Le Pen (618).
- La surprise Asselineau -
Si pour les principales têtes d'affiche, l'exercice peut s'apparenter à une formalité,
pour les plus "petits" candidats, contraints à faire du porte-à-porte auprès des
élus ruraux, cette quête aura relevé d'un vrai parcours du combattant.
Invité surprise de cette élection, François Asselineau est le huitième de la liste,
avec 569 parrainages, grâce à une campagne menée tambour battant par voie d'affiches
et via les réseaux sociaux. Souverainiste et europhobe, il avait vainement tenté
sa chance en 2012.
A l'époque, "l'idée même de sortir de l'Union européenne paraissait farfelue,
extrémiste". "Cinq ans plus tard, la crise de l'euro avec la Grèce, le Brexit,
ont donné raison à ce que je dis depuis neuf ans", témoigne-t-il.
A quelques heures du clap de fin, trois autres espéraient se qualifier sur le
fil: Jacques Cheminade, vétéran de la politique déjà candidat en 1995 et 2012 avec
un résultat symbolique, Philippe Poutou, un ouvrier qui porte le flambeau du Nouveau
Parti Anticapitaliste (NPA) et Jean Lassalle, un député centriste non-inscrit.
"Le compte devrait y être", a lancé vendredi matin Olivier Besancenot, le porte-parole
du NPA. "D'après notre recensement, on vient juste de dépasser à peine les 500
signatures" pour Philippe Poutou.
- Transparence -
"Ce n'est pas tombé du ciel. Des centaines de militants ont sillonné toute la
France, contacté les maires des plus petites communes qui ont accepté de parrainer,
pour échapper au contrôle des partis institutionnels", racontait-il sur LCI, en
dénonçant le fait que "le Conseil constitutionnel refuse de reconnaître que le
cachet de la Poste fasse foi".
En effet, en vertu d'une loi d'avril 2016 sur la transparence, les parrainages
doivent désormais parvenir au Conseil constitutionnel vendredi soir par voie postale
uniquement.
De plus, la liste des parrains peut être désormais connue de tous, à raison de
deux listes publiées chaque semaine depuis le 17 mars, un manque de confidentialité
vu d'un mauvais oeil par les "petits" candidats.
La publication des noms est une mesure "inique, voire scélérate", dénonçait vendredi
Jacques Cheminade, racontant "qu'un certain nombre d'élus qui s'étaient engagés
sur l'honneur se sont désistés".
Malgré cela, Jacques Cheminade se disait presque certain d'arriver au compte.
Au dernier pointage, il avait atteint 469 parrainages, Jean Lassalle 453 et Philippe
Poutou 357.
D'autres étaient plus loin du compte, comme Rama Yade avec 217 signatures. Certains
encore avaient reçu des soutiens sans être candidat: Alain Juppé,
un moment envisagé comme recours à droite si François Fillon renonçait, a suscité
302 parrainages et François Baroin 27.
Une fois les derniers formulaires arrivés, le Conseil constitutionnel devra vérifier
que les critères de diversité sont respectés: pour chacun, les parrainages doivent
provenir de 30 départements différents et 50 au maximum peuvent émaner d'un même
département. Outre sa déclaration de candidature, chacun devra aussi avoir déclaré
son patrimoine, autre nouveauté cette année.
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