Rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux : 73 ans après la ville évoque le souvenir du " train fantôme "

Bordeaux a salué dimanche la mémoire des 335 victimes de la rafle anti-juive du 10 janvier 1944, la dernière des quatre grandes rafles menées en Aquitaine entre juillet 1942 et janvier 1944, en dévoilant la plaque du " train fantôme ", à la Synagogue de Bordeaux.

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L'histoire du " train Fantôme ", longtemps oubliée, " est l'occasion de rappeler les rôles, sous-estimés, qu'ont joué les immigrés venus de tous les pays d'Europe pour libérer la France ", souligne le Consistoire de Bordeaux.

Alors que la Wehrmacht est sur la retraite en France face à l'avancée des troupes alliées, ce train, parti le 3 juillet 1944 de Toulouse avec à son bord près de 600 détenus, résistants espagnols, italiens, et juifs de Pologne et d'Europe centrale, est arrivé le 28 août au camp de concentration de Dachau (sud de l'Allemagne), au terme d'un interminable périple effectué dans des conditions épouvantables.

Arrivés en gare de Bordeaux le 9 juillet, les détenus ne sortent du train que le 12 juillet pour être incarcérés à la Synagogue de Bordeaux, alors transformée en prison. Les 24 femmes du convoi sont séparées des 550 hommes qui resteront quatre semaines à la Synagogue dans des conditions de détention très dures. Le 14 juillet, ils organisent une cérémonie patriotique, chantant La Marseillaise, et plusieurs tenteront en vain de s'évader. Le 31, les nazis en fusillent 10 en représailles.

Le 9 août, hommes et femmes sont à nouveau rassemblés en gare de Bordeaux et 155 détenus sont ajoutés au convoi: des résistants du Sud-Ouest incarcérés au Fort du Hâ. Le train repart vers Toulouse. Le 20, il arrive à Valence et le 22 à Lyon. Le manque d'eau, l'absence d'hygiène sont terribles dans les wagons transformés en fournaise par la canicule.
Le 25, le train est à Metz, pour atteindre sa destination finale le 28.

Au départ de Bordeaux, environ 750 déportés y furent entassés, dont 200 se seraient évadés et 250 rentrèrent épuisés, 300 autres n'ayant pas survécu, selon le Consistoire de Bordeaux.

Bordeaux a également rendu hommage à Lucile Lourié, une juive ayant échappé à la rafle de 1944, par la lecture par deux jeunes filles d'un poème, " Prisonnière ", qu'elle écrivit en mai 1943, en captivité à l'hôpital-prison de Pellegrin, à Bordeaux, d'où elle fut libérée en 1945.

Maurice Papon, alors secrétaire général de la préfecture de la Gironde, futur ministre de la Ve République, a été un des organisateurs de cette rafle à Bordeaux où vivaient avant-guerre plus de 5.000 juifs. Il avait été condamné en 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'Humanité. Libéré en 2002 pour raisons médicales, il est mort en 2007 à l'âge de 96 ans.

Environ 1.600 juifs ont été déportés depuis Bordeaux, dont un nombre infime a survécu.

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