Après la mort de deux SDF à Bordeaux en décembre et alors qu'une nouvelle vague de froid est annoncée, un collectif d'associations écrit à la Préfète de Gironde et au Maire de Bordeaux pour réclamer le déclenchement du plan d'urgence Grand Froid. L'Etat assure pourtant que tout est déjà mis en oeuvre.
L'alerte est lancée par treize associations de Gironde au moment où Météo France annonce le retour de fortes gelées pour la fin de la semaine.
"Les Gratuits-Gironde Solidarité", "La Cloche" ou encore "La Maraude du coeur" et "les Robins de la Rue" réclament en urgence le déclenchement du plan Grand Froid par la préfecture de la Gironde et la mobilisation de l'accompagnement social à la mairie de Bordeaux.
Il y a eu 2 morts en décembre à Bordeaux, décédés du froid, c'est terrible
Cécilia Fonseca, bénévole Association Les Gratuits-Gironde Solidarité
"Depuis plusieurs jours nous constatons sur le terrain l’impact de la vague de froid de ce début d’année sur les personnes précaires qui dorment dans nos rues et souhaitons alerter sur l’urgence de la situation", explique le collectif d'associations dans son courrier adressé à la Préfète de Gironde et au maire de Bordeaux.
Pas de plan Grand Froid mais une veille saisonnière activée
La Gironde compte 4200 places d'hébergement pour les sans-abris dont 1700 en accueil d'urgence.
Dans un communiqué, la préfecture de Gironde rappelle que ces places d'urgence ont doublé en cinq ans et qu'un dispositif spécial de veille saisonnière est activé depuis novembre.
"Ce sont plus de 210 places qui ont été ouvertes depuis le début de l’hiver sur le département, dont près de 170 sur la métropole de Bordeaux" précisent les services de l'Etat, auxquelles s’ajoutent plus de 280 places d’hôtel mobilisées à l’année pour la mise à l’abri de familles.
En complément, assure la préfecture de la Gironde, la veille sociale a été renforcée avec l'ouverture en journée des centres d'hébergement d'urgence, un renfort des maraudes du SAMU Social et du nombre d'écoutant au 115.
Mais selon Cécilia Fronseca de l'association "Les Gratuits-Gironde solidarité", le compte n'y est pas :
Une centaine de sans-abris appellent régulièrement le 115. Soit ils sont refusés, soit ils restent sans réponse
Cécilia Fronseca
Des constats différents sur les places d'urgence
Il reste des places d'accueil d'urgence disponibles et des lits en hôtels peuvent être mobilisés, assurent les services de l'Etat en Gironde qui veillent au jour le jour sur les capacités du dispositif.
Mais les treize associations de Gironde à l'origine de l'alerte s'inquiètent de la répartition des places disponibles.
Si des lits d'urgence sont libres dans le Médoc ou sur le Bassin d'Arcachon, ce n'est plus le cas à Bordeaux selon elles. Et d'ajouter que l'accueil des sans-abris avec leurs chiens est quasiment impossible.
Combien sont-ils encore à passer leurs nuits dehors ? Combien de sans-abris vivent à Bordeaux ? Difficile à dire précisément.
La "Nuit de la solidarité" organisée ce jeudi 20 janvier à Bordeaux (et dans 26 autres grandes villes de France) devrait permettre de mieux le savoir. 90 équipes de trois ou quatre personnes seront réparties dans les quartiers pour effectuer ce recensement afin de mieux répondre aux besoins de ces populations précaires.