La sécheresse arrive en Aquitaine. Épargnée jusqu’ici, la Dordogne est désormais concernée par les restrictions d’eau, dans trois zones du département. Les agriculteurs sont contraints de faire des choix.
Bournègue, Estrop, Lidoire : depuis le 25 mai, ces trois zones de Dordogne sont soumises à des arrêtés visant à restreindre l’utilisation de l’eau. Comme 24 autres départements, elle vient de passer en alerte renforcée sécheresse.
Un tiers des récoltes perdues
A Saint-Martial-d'Artenset, en Dordogne, Dominique Leconte cultive du blé mais aussi des légumes et du maïs. Depuis le début de l’année, ses cultures souffrent : la pluie n’a pas été assez présente. “Nous devrions récolter les céréales à paille dans un mois et demi, mais les graines ne se rempliront pas. Il y a un impact direct sur le rendement, mais aussi sur la qualité”, regrette le céréalier.
L’agriculteur bio le sait, un tiers de ses cultures de blé est déjà perdu. “Et c’est tous les jours qu’on en perd”, souligne Dominique Leconte. Des pertes actuelles auxquelles risquent de s’ajouter les semis, qui ne pourront pousser correctement sans “les petites pluies habituelles à cette saison”.
► Reportage de F. Rouliès et P. Tinon
Une situation critique qui a poussé Dominique Leconte à irriguer ses cultures, soit seulement 40 hectares sur les 120 que compte sa propriété. “On va privilégier l’alimentation humaine comme les légumes et le maïs. On est tellement dépendant en culture que la sanction du dérèglement climatique est rapide”, constate le céréalier.
Un quart de pluie en moins
La situation se dégrade sur l’ensemble du territoire. Encore majoritairement épargnée, elle a pourtant connu moins de dix jours de pluie sur la quasi-totalité de ses terres avec seulement 75 mm de précipitations. Des chiffres qui annoncent déjà un déficit de 25 % dans la région, particulièrement touché sur la côte et au sud de la Garonne.
“Ce déficit pluviométrique quasi généralisé combiné à des températures très douces une grande partie du mois a provoqué un net assèchement des sols sur la majeure partie du pays excepté du sud de l’Aquitaine”, précise Météo France dans son dernier bulletin pluviométrique.
Ces pluies presque inexistantes ne sont pourtant pas le cœur du problème, même si elles contribuent grandement. C’est la sécheresse des sols, créée par de nombreux mois secs, qui inquiètent les spécialistes.
“Sur les trois derniers mois, les sols superficiels sont restés secs sur l’ensemble du pays. Les sols sont modérément secs à très secs sur une grande partie de la moitié nord ainsi que plus localement au sud de la Garonne”, détaille Météo France.
Dans la région, seuls les Pyrénées-Atlantiques conservent des niveaux d’eau dans les sols élevés, “proches de la saturation”, selon Météo France.
Projections inquiétantes
Le 19 mai dernier, le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiait une carte du territoire. Son objectif : anticiper les zones de sécheresse d’ici à cet été. “Elle montre que l’été 2022 pourrait être marqué par des étiages ou des baisses de nappes marquées sur la totalité du territoire”, résume le ministère.
Pour l’Aquitaine, la Gironde et le Lot-et-Garonne semblent être les principales zones où des périodes de sécheresse sont probables. Des prédictions à prendre “avec vigilance” rappelle le Ministère. En effet, dans cette cartographie, la Dordogne n’était classée qu’en sécheresse “possible”.