Tags antisémites, une professeure visée : le rectorat porte plainte, le lycée sous le choc

Jeudi 28 novembre, le personnel du lycée des Graves de Gradignan découvre la présence de tags antisémites sur les murs de son établissement, mentionnant notamment le nom d’une professeure. Ce vendredi, la sidération s’est invitée parmi les élèves et professeurs qui dénoncent des “actes graves”.

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Des inscriptions pro-nazies, au cœur même du lycée. C’est la découverte choquante qu’on fait certains membres du personnel du lycée des Graves, à Gradignan, ce jeudi 28 novembre, alors qu’ils entamaient leur service.

Ces mots de haine s’affichent en grand dans le parking intérieur et sur les murs de l’établissement. Rapidement, les policiers sont alertés, une enquête s’ouvre. Mais au lendemain de la découverte, l’onde de choc est encore palpable.

"Pas ici"

Les élèves n’ont appris la nouvelle que ce matin. Entre deux cours, le sujet ressurgit régulièrement. “C’est choquant. On ne pensait pas que ça allait arriver jusqu’ici, souffle une élève. Ce n'est pas normal que des gens puissent faire ça au lycée, ni même dans la ville d’ailleurs.”

À côté d’elle, son amie tente de réviser ses cours. Stylo en main, portable dans l’autre, elle ne comprend pas. “Il y avait le nom d’une professeure inscrit. On est en seconde, on est encore jeune, ce n'est pas normal de voir ce genre de choses ici”, acquiesce-t-elle.

Les adultes aussi, oscillent entre incrédulité et colère. “Ce n’est pas habituel ni acceptable de voir ce genre de choses dans un établissement scolaire. L’école est justement censée être un sanctuaire vis-à-vis de ce qu’il se passe dans la société”, explique Maïtané Cocagne, porte-parole du Snes-Fsu de Gironde.

Dans le lycée, la sidération est telle que les cours ont été suspendus, ce vendredi après-midi, pour “prendre le temps de se rassembler pour en discuter”. Des groupes de soutien et d'écoute ont également été proposés aux élèves. 

De son côté, le rectorat de Bordeaux a fermement condamné ces actes. Il a annoncé avoir porté plainte et un signalement au procureur a été fait. La directrice académique des services de l’éducation nationale (Dasen) s’est rendu au lycée dès hier. "On est en soutien aux équipes, la protection fonctionnelle a été mise en place et nous restons en étroite collaboration avec les forces intérieures pour agir au plus vite", détaille Jérôme Paillette, le directeur adjoint de la Dasen de Gironde, ajoutant qu'une équipe mobile était présente "afin de sécuriser les lieux et assurer le bon fonctionnement" de l'établissement.

Quatre actes en un mois

Si la réaction est aussi vive, c’est qu’elle témoigne également d’une forme de résurgence de ces actes. Ces tags sont le quatrième acte raciste ou antisémite dans le département depuis le début du mois de novembre : la découverte de croix gammées sur une école de Bègles les 7 et 25 novembre, la troisième lettre raciste et de menace de mort reçue une professeure de Libourne.

Une multiplication des actes qui inquiète la communauté éducative. “On voit ce genre de choses de plus en plus régulièrement. On assiste à des changements de société potentiellement dangereux avec des replis réactionnaires de plus en plus fréquents”, constate Maitané Cocagne. 

Il y a une libération de la parole raciste, antisémite dans la société. Il ne faut pas que ça rentre dans nos établissements.

Maitané Cocagne,

Porte-parole Snes-Fsu

Face à la situation, le syndicat demande une “réflexion” autour de ces enjeux. En parallèle, de manière plus immédiate, les professeurs demandent des “réactions fermes” et des enquêtes plus rapides.

Cette réflexion, l'académie de Bordeaux assure la mener, notamment "à la racine" avec la mise en place, au sein même des établissements, d'équipes "Valeurs de la république" qui forment et sensibilisent les élèves sur ces questions de racisme.  "Nous devons faire en sorte que ce genre de comportement n'apparaisse pas. Il faut assurer au mieux l'éducation de ces jeunes pour que ces idées ne puissent pas naître", martèle Jérôme Paillette.

En parallèle du fond, l'académie assure travailler à la sécurisation des établissements via notamment des caméras de vidéo surveillance ou encore des patrouilles de police. À Gradignan, la professeure visée n'a pour l'heure pas porté plainte, mais selon ses collègues, sa décision ne serait pas encore tranchée.

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