Dans son dojo de Pauillac en Gironde, Annette Monnier, 86 ans, prépare minutieusement sa première compétition de kata, variante du karaté. Une aventure de plusieurs années, son remède contre les faiblesses du corps.
Un mouvement, ferme. Une respiration, forte. Le regard, loin. Annette Monnier enchaîne, concentrée, ses katas ; des enchaînements codifiés issus du karaté, à partir de l'expérience d'anciens combattants japonais.
"Je suis prise par l’ambiance de mon corps, souffle-t-elle. Il faut de la fluidité, de la souplesse, et en même temps de la fermeté." Une formule, presque un mantra, pour cette habitante de Pauillac, âgée de 86 ans. Elle répète chaque jour depuis trois mois pour préparer sa première compétition : le championnat aquitain de kata, au Bouscat en Gironde, ce samedi.
Coachée en visio
"Deux minutes de repos Annette !" Une voix s'élève depuis le fond du dojo. Slim Abderrahim suit la progression de l'octogénaire à 3 000 kilomètres de Pauillac, depuis la Tunisie. En visio, il dicte ses exercices, comme à une véritable athlète : "Je lui élabore des programmes pour ne pas user les articulations, mais je la traite comme tous les sportifs que j'entraîne".
Je vois qu'elle est solide.
Slim AbderrahimCoach de karaté
Tous les deux se rencontrent il y a plusieurs années en Tunisie, quand Annette rend visite à sa fille. Elle est alors déjà une amatrice de karaté, depuis ses 60 ans. "Grâce au sport, je me suis réconciliée avec mon corps qui vieillissait", raconte Annette Monnier.
Ça m'a ressuscité. Voilà une bonne drogue, le karaté ! J'en suis là grâce à lui et à cette croyance que c'est dans la tête que tout se passe.
Annette Monnier
Quelques années plus tard, le karaté est même devenu sa "potion magique", lorsqu'elle contracte un cancer. Sortie en béquilles, elle retrouve Slim Abderrahim, qui lui propose de reprendre la préparation physique. "Elle savait que sans activité motrice, elle ne pourrait pas sortir de sa maladie." De la canne au karaté, la Pauillacaise se remet sur pied.
VIDÉO: reportage avec Annette Monnier à l'entraînement, rencontre à Pauillac

Une nouvelle aventure
Déjà forte de la ceinture noire et du deuxième dan, elle s'apprête désormais à vivre sa première compétition. Une idée de sa fille, Anne Monnier : "En voyant son parcours sportif, et après la maladie, j'ai voulu donner un nouveau sens, lui trouver un challenge. Alors on s'est lancé ce défi, toutes les deux."
Un exemple pour elle et une inspiration pour tous. À 86 ans, Annette espère bien également transmettre un message en participant à cette compétition :
Je veux montrer avec simplicité qu'à tout âge on peut se dépasser. Et si je peux donner de l'espérance en faisant ce que je fais alors je serais très heureuse.
Annette Monnier
Elle visera une qualification aux championnats de France, samedi, au dojo du Bouscat.