Ouvert en 2019 dans le quartier des Capucins, le café Wanted Bordeaux ferme ses portes mais le groupe continue de se diversifier et de se développer.
En contactant Christian Delachet, l'un des créateurs historique de Wanted, il nous dit être à Paris et nous renvoie vers son associé Jérémy Ballarin à Bordeaux. Le ton est assez solennel, car oui le premier café du groupe n'aura pas marché comme ils le souhaitaient.
"On a pendant 4 ans défriché et essayé un modèle"
"Allier économie et solidarité, on y va, on défriche" se disent les trois fondateurs de Wanted community il y a désormais quatre ans, comme nous le raconte Jérémy Ballarin, l'un d'entre eux.
"Il y a quatre ans, on a décidé de créer un lieu hybride et assez nouveau". Car oui ils étaient précurseurs et oui il n'y avait pas de tel lieu à Bordeaux. "On est parti sur l'idée d'un commerce de proximité associatif et de quartier avec une logique économique, on s'est lancé. On est très fiers de ce qu'il s'est passé mais on a atteint une limite en termes de rentabilité."
On nous donnait trois mois et on a duré quatre ans ce qui montre aussi qu'il y a des choses possibles.
Jérémy Ballarin - Wanted Communityrédaction Web - France 3 Aquitaine
Pour cet entrepreneur, le ton est donné, il est celui de l'efficacité. Les phrases s'enchaînent, car il est intarissable sur son projet, même si celui-ci vient de capoter.
Un Café ferme, un Café ouvre
Car le bilan est aussi très heureux, "On a poussé le curseur de la solidarité hyper loin", nous rappelle Jérémy Ballarin "On a fait plus de 25 000 café suspendus en cinq ans et versé 20 000 euros à des associations".
Un modèle économique rodé à Bordeaux, où il a connu ses limites, mais poussé un peu plus loin et surtout plus doucement à Paris, où il est de nouveau mis à l'épreuve depuis un mois. Car désormais un nouveau café Wanted existe dans la capitale.
"Il y a une concomitance entre le fait qu'on ferme Bordeaux et qu'on ouvre Paris" se justifie le Wawa (Comme s'appellent les membres entre eux), "Mais en 2018, quand on ouvre le café, notre but est aussi d'ouvrir à Paris", et bien sûr il aura fallu éprouver ce type de café réseau et solidaire qui comme l'explique-t-il repose sur "une économie responsable, mais pas une économie du washing". Il faut entendre par là que l'idée initiale d'un tel lieu était la pérennité, et qu'ils la souhaitent à Paris. "A Paris, on fait un peu les choses mieux qu'à Bordeaux", dit celui qui a gagné en expérience.
Sans cesse entreprendre solidairement
"Wanted à la base, c'est une communauté, ce n'est pas CE café" insiste Jérémy Ballarin qui ne veut pas rester dans la passivité du deuil.
"On est dans un projet multiforme qui est très évolutif". nous rappelle-t-il, sans tirer un trait sur un nouveau lieu bordelais.
Car à la base de la base, il y a un site d'entraide appelé Wanted Community et récompensé par Facebook, son hébergeur, pour le succès qu'il a rencontré avec des histoires de solidarité hors du commun. Comme celle de Joachim, SDF bordelais qui a trouvé un travail puis un logement grâce à la solidarité d’autres membres de la communauté.
C'est parti d'une idée née en 2011, dans la tête de Luc Jaubert, jeune Bordelais venu faire ses études à Paris: créer « Wanted Bons Plans », un groupe Facebook pour échanger bonnes adresses et tuyaux logement. Cette idée se développe avec l'aide de deux de ses premiers membres, deux autres Bordelais, Christian Delachet et Jérémy Ballarin. Ensemble, ils transformeront le groupe en Wanted Community. C'est au soir des attentats de Paris en 2015 que la communauté prend un nouvel essor en se faisant connaître largement.
En 2019, nous étions allés à la rencontre des membres fondateurs à l'origine du projet et du café ouvert en 2018
Une porte ouverte pour un autre lieu
Restent des souvenirs émouvants pour Jérémy Ballarin: "Les tablées solidaires, c'était le dimanche soir on restait ouvert et des bénévoles faisaient une soixantaine de couverts pour des gens à la rue. C'était une aventure géniale". Des souvenirs qui lui font ralentir le débit et qui l'ébranlent un tant soit peu.
"On a créé une communauté autour de l'asso reprend-il, une soixantaine d'associations qui se parlent désormais pour mutualiser leurs moyens. C'était le lieu notamment pour les structurer mais aussi un réseau. On ne laisse pas çà derrière nous, parce qu'on est toujours là".
Ce qui nous peine aujourd'hui, c'est que ce lieu ferme alors que pour certaines personne c'était le lieu où ils avaient de la dignité un repas et des conversations. Un café ou un plat suspendu, ce n'était que le prétexte. On a vu de nos yeux l'impact qu'avait le lieu.
Jérémy Ballarin - Wanted CommunityRédaction Web France 3 Aquitaine
Le Wanted café de Bordeaux ferme ses portes mercredi 5 octobre. Le café ferme mais l'action perdure disent ses fondateurs et notamment sur les réseaux. "Le but n'est pas à tout prix d'avoir un café Wanted mais de développer la solidarité" conclut-il, pour clore ce chapitre seulement.