La loi " bien vieillir" garantit aux patients d'Ehpad de recevoir des visites quotidiennes de leurs animaux de compagnie. Et c'est à Libourne, en décembre 2024, que les premiers pensionnaires poilus ont fait leur entrée dans ces établissements médicaux.
Combien de fois avons-nous pu voir des annonces sur des sites spécialisés, destinées à adopter des animaux suite à l'hospitalisation définitive de leur maître ? Cela n'arrivera pas à Kalanak, chatte persane de 15 ans qui vit désormais à l'Ehpad La Belle-Isle, situé dans la maison de retraite de Libourne, où se trouve depuis quelques mois sa maîtresse.
La boule de poils noire et blanche partage la vie de sa propriétaire Marie-Claude Sauvet depuis 10 ans. Dans sa chambre, comme tous les matins, elle la serre fort contre son cœur. Pour la pensionnaire de l'Ehpad, la présence de son animal est "un véritable soulagement et une grande joie". À 79 ans, elle a également été très surprise de pouvoir emménager avec elle dans un milieu hospitalier.
La loi est nouvelle, elle date d'avril 2024 et s'inscrit dans la démarche du gouvernement nommée : "bien vieillir". Ce point fait partie des décisions qui ont un impact direct sur la santé de certaines personnes âgées, parfois privées très soudainement de leurs animaux, comme après une hospitalisation suite à une chute, par exemple. Sans leurs petits compagnons, ceux-ci ne sont plus aussi heureux et combatifs face à la maladie ou simplement le temps qui passe.
Trois ans pour mettre en place un tel projet
Cette mise en place, selon le directeur délégué de l'établissement Ludovic Poredos, permet de rendre le deuil de leur ancienne vie moins douloureuse pour les pensionnaires de la maison de retraite. "Nous avons travaillé pendant trois ans à penser le projet au mieux avec une organisation de santé animale. Il fallait que l'on puisse accueillir les animaux dans les bonnes conditions pour eux, sans pour autant déranger les pensionnaires qui n'en ont pas," explique-t-il.
Une démarche confirmée par Thomas Albin, salarié de l'Ehpanimal, chargé de s'occuper des petits compagnons des patients."En quelques mots, nous avons pensé à mettre en place une structure où les animaux se retrouvent avec tout ce qu'il leur faut le soir et le matin avant de retrouver leurs propriétaires, pour éviter les soucis la nuit", détaille-t-il.

Avant d'ajouter : " Nous voulions éviter que les personnels soignants de nuit subissent une pression en plus si un chat ou un chien décidait de fuguer. Nous sommes là pour garder leurs compagnons en sécurité, mais ce sont les patients qui restent les propriétaires. Donc nous prenons soin d'eux lorsqu'eux ne peuvent pas et nous leur emmenons dans la journée pour qu'ils puissent profiter de leur présence et se retrouver."
Et à chaque passage de Thomas Albin dans les couloirs de l'Ehpad avec la caisse de transport d'un de ces animaux, il crée des émois auprès d'autres patients. " Certains en profitent pour faire des caresses car ils n'ont pas eu la chance de garder leurs animaux avec eux. Et on constate que le lien entre les animaux et les patients des Ehpads est fort même si l'animal n'est pas à eux, à l'origine. Les bêtes apportent de la joie, de la douceur et un apaisement."
Un nombre restreint d'animaux accueillis
Pour le bien-être des animaux comme des patients des Ehpads certaines règles seront bien sûr à respecter. À commencer par la taille et le comportement de l'animal. Difficile d'imaginer un molosse au caractère colérique vivre en toute sérénité au milieu de certaines personnes âgées et de leurs matous.
Au-delà du caractère, les lieux ne permettent pas d'accueillir énormément d'animaux. Il faut un minimum de mètres carrés à chacun pour assurer leur bien-être à eux aussi. Par exemple l'Ehpad La Belle-Isle pourra accueillir huit chats et dix chiens. Pour le moment, seuls deux chats ont accompagné leur maître.