Le Limousin n'échappe pas au recul sans précédent du nombre des exploitations agricoles

"Le plus grand plan social silencieux" selon la Confédération paysanne. Si la France compte 100.000 exploitations en moins en 10 ans, le Limousin n'échappe pas à ce recul sans précédent. Près du quart de ses fermes a disparu.

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On le sait, le phénomène s’est amorcé depuis des décennies. Pour la Confédération Paysanne, il faut en prendre conscience : c’est le plus grand plan social silencieux. Aucune profession n’a vu ses effectifs se contracter de façon aussi brutale. Le recensement agricole de 2020 confirme cette tendance inéxorable depuis les années 1970. 

En 1967, le sociologue Henri Mendras parlait déjà, dans un essai qui avait alors fait grand bruit, de « la fin des paysans ». Il décrivait l'abandon de l'agriculture pastorale au profit de l'agriculture technique avec intrants. Dans leur ouvrage paru au Seuil cette année, l'analyste Jérôme Fourquet et le journaliste spécialiste des modes de vie et des questions territoriales Jean-Laurent Cassely publient "la France sous nos yeux" qui aborde notamment l'évolution du paysage de nos campagnes et le nombre d'exploitations agricoles qui fond comme neige au soleil entre 1990 et 2016.

Une diminution qui s'explique principalement par la pyramide des âges et un nombre de départs à la retraite plus important que le nombre d'installations. Mais aussi par le résultat de la politique agricole menée en France.

Les données du dernier recensement agricole, recueillies en Nouvelle-Aquitaine d'octobre 2020 à avril 2021, viennent d'être analysées par le SRISET (Service Régional de l'Information Statistique Economique et Territoriale) de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine (Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt).

Il apparait que le Limousin a toujours moins d'exploitations et plus de surface agricole utile par ferme. 

Le Syndicat Confédération Paysanne dénonce une course à l'agrandissement pour l'espoir d'un revenu décent qui n'arrive même pas. 

Plus les fermes s'agrandissent, moins elles sont cohérentes avec la lutte contre le réchauffement climatique et pour la sauvegarde de la biodiversité. Nous luttons depuis ces dernières années pour garder des campagnes vivantes et pas cette course en avant avec toujours l'agrandissement des fermes sans retirer pour autant de revenus décents" souligne Thomas Gibert de la Confédération de la Haute-Vienne.

La Confédération paysanne demande des actions politiques fortes pour enrayer ces départs et l'absence d'attractivité pour les jeunes. Elle demande de sortir de cette politique libérale avec une régulation du foncier et une politique agricole commune (PAC) qui abandonne le "plus on a d'hectares, plus on a d'aides". 

Même la Haute-Vienne, qui résistait encore, voit son nombre diminuer, elle perd 25% de ses exploitations. En 2020, ce département compte 3 600 exploitations, soit 1 200 de moins qu’en 2010. Une perte identique en Creuse, avec 3 500 exploitations, soit 1 100 de moins qu’en 2010. Un peu moins en Corrèze avec 23% de disparitions, soit 4 000 exploitations, 1 200 de moins qu’en 2010 .

En revanche, l’activité agricole bio progresse dans nos 3 départements, à des rythmes différents, doucement en Creuse, un peu plus en Corrèze et plus de 9% en Haute-Vienne.  

Quelles activités reculent et progressent ?

En Limousin l’activité agricole dominante est bien sûr l’élevage de la limousine, élevée pour la viande. Mais si elle continue à régresser sur les trois départements, elle recule d'un tiers en Haute-Vienne. La moitié des exploitations de granivores et de vaches laitières y a par ailleurs disparu.

La baisse la plus conséquente, c’est en Creuse qu’on la constate, avec la filière volailles qui perd 66% d’exploitations, et la filière ovine avec 44% d’élevages ovins en moins.

Ce qui progresse, en revanche, ce sont les productions végétales et ce sur les trois départements, que ce soit en grandes cultures, en maraichage, horticulture ou en arboriculture fruitière :

- En 2020, deux exploitations haut-viennoises sur dix sont à dominante végétale, le double de 2010. 

- Même constat en Corrèze : si une ferme sur deux est spécialisée en bovin viande, les productions végétales progressent : +19 % d’exploitations spécialisées et +22 % de surface de culture permanente en 10 ans. 

- Même scénario en Creuse où l’élevage de bovins domine toujours, avec six exploitations sur dix, malgré une baisse importante de l’effectif depuis 2010. Les exploitations spécialisées en productions végétales sont les seules dont le nombre s’accroit en 2020.

Les structures économiques changent… 

Si le nombre d’exploitations diminue, celles qui restent aujourd’hui sont plus grandes qu’autrefois. Cela ne veut pas dire qu’il y a plus de terres agricoles, ça veut dire que les exploitants qui restent aujourd’hui ont plus de surface agricole utile. Ce sont plus de :

  • 67 hectares en moyenne en Creuse
  • 57 hectares en Haute-Vienne
  • 41 hectares en Corrèze.

La dimension économique des structures évolue. Les formes individuelles restent majoritaires, mais il y a cependant une forte augmentation des GAEC, c’est-à-dire des Groupements Agricoles d'Exploitation en Commun.  

En Haute-Vienne, les exploitants assurent toujours l’essentiel du travail, l’emploi des aidants familiaux diminue, celui des saisonniers augmente. Si les formes individuelles restent majoritaires, les GAEC représentent 15 % des exploitations en 2020 contre 8 % en 2010.  

En Corrèze, on ne constate pas encore cette tendance. Les exploitations sont souvent de taille économique micro ou petite. Le statut juridique individuel est toujours privilégié, même si sa part diminue (81 % en 2010 et 73 % en 2020). L’emploi agricole diminue et les aidants familiaux ont diminué de près de 60 %. La Corrèze est le département néo-aquitain qui compte le plus de femmes parmi les exploitants ou coexploitants, soit un tiers.  

En Creuse, les exploitations s’agrandissent et les GAEC représentent désormais 24 % des exploitations en 2020 contre 14 % en 2010. L’emploi agricole diminue également. Il est assuré principalement par les exploitants ou coexploitants eux-mêmes.

Ce recensement est fait tous les dix ans. Il révèle la réflexion à mener pour garantir le rôle nourricier du monde paysan et "son rôle d’aménagement, de gestion du territoire" comme l'a souligné le ministre de l'agriculture et de l'alimentation Julien Denormandie en présentant les résultats provisoires de ce recensement agricole 2020 le 10 décembre dernier. 

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