Maillons essentiels de la chaine d'approvisionnement du pays, les transporteurs routiers peuvent-ils encore travailler correctement ? Ils voyagent mais n'ont pas de moyens de protection contre le coronavirus. Et comment se restaurer et se laver lorsque les aires routières sont fermées ?
"On ne va pas se plaindre, car pour l'instant nous ne sommes pas malades, ni dans la situation des malades et des soignants", tempère Eric Daly, gérant d'une société de transports routiers basée à Limoges.Mais lui et ses employés rencontrent des difficultés très concrètes depuis la mise en place du confinement pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.
C'est très compliqué au niveau de l'hygiène
Avec la fermeture des restaurants des aires de repos, comment peuvent se nourrir les chauffeurs ?
"On connait aussi un problème d'insalubrité". "Les toilettes et les douches, pour celles qui sont ouvertes, sont mal nettoyées. Donc c'est très compliqué au niveau de l'hygiène", constate-t-il.
En raison du risque sanitaire lié au Coronavirus #COVID19, les restaurants des aires d’autoroutes seront fermés jusqu’à nouvel ordre sur l’ensemble du réseau VINCI Autoroutes.
— VINCI Autoroutes (@VINCIAutoroutes) March 15, 2020
Considérés comme des "pestiférés"
La poursuite de l'activité des transporteurs est essentielle. Sans leur travail, comment remplir à nouveau les rayons des supermarchés, pris d'assaut ces derniers jours ?Néanmoins, ces salariés se déplacent, rencontrent des gens... et sont donc perçus comme des potentiels vecteurs de la maladie.
"Dans les entreprises où l'on se présente les gens nous craignent, parce qu'on est en mouvement en permanence, et en contact avec beaucoup de personnes" déplore Eric Daly.
Les mots très fort d’un routier :
— Franck Petit (@f3_franckpetit) March 19, 2020
« on a plus accès aux douches ni aux toilettes, les restos sont fermés et dans les entreprises où on livre on est comme des pestiférés » #coronavirus pic.twitter.com/l38VdJdKPL
Malgré un quotidien risqué, les chauffeurs ne bénéficient pas de moyens de protection. "Nous n'avons pas accès aux masques et au gel hydro-alcoolique, donc on fait comme on peut, on prend nos précautions au maximum mais ce n'est pas simple à gérer" poursuit le chef d'entreprise.
Il espère une réouverture , "même en service limité" des restaurants routiers dans les prochains jours, "pour avoir au moins un repas chaud par jour", ainsi qu'un accès à une douche et des toilettes propres.
C'est également ce que réclame François Cenut, délégué FNTR pour le Limousin : "Ce qui a été demandé au gouvernement, c'est de faire en sorte que l'accueil des routiers se fasse dans des conditions normales et favorables. Les stations-services et les aires d'autoroutes doivent rouvrir et accueillir les conducteurs. Si demain, les transporteurs arrêtent de travailler, toute l'économie sera bloquée."
Une boîte mail dédiée aux transporteurs a été ouverte par le ministère de la transition écologique et solidaire : servicestrm@developpement-durable.gouv.fr
Un numéro vert est également mis en place pour compléter ce service: 0805 040 140. Les appels sont pris en charge 7j/7, de 9h à 18h, par des agents du Ministère.