Agriculture, construction, commerce, services… les secteurs d'activité sont nombreux lorsqu'on cherche sa voie dans l'apprentissage. Si les entreprises à jouer le jeu sont de plus en plus nombreuses, il faut parfois faire preuve de pugnacité pour décrocher un contrat.
Même si certains choisissent des écoles prestigieuses ou les Beaux-Arts, l'apprentissage est souvent une bonne voie pour se former aux métiers d'art, sauf que les places sont rares. Difficile de trouver une entreprise pour son apprentissage car se sont généralement de petites unités et n'ont pas forcément ni les structures, ni la disponibilité pour former des jeunes, sans compter que la formation doit être adaptée à l'apprenti.
C'est le parcours un peu compliqué qu'a choisi Jonathan. Titulaire d'un un premier CAP de décorateur sur verre, cette activité ne le passionnait pas vraiment. Lui, son rêve, c'était de devenir vitrailliste. Pas question pour autant d'abandonner son objectif, il choisit donc l'apprentissage et tente de trouver une entreprise prête à l'accueillir. Il en contacte 380 à travers toute la France, une seule va répondre positivement. En septembre 2017, Jonathan intègre l'Atelier du vitrail, à Limoges.
On apprend plus facilement et mieux en apprentissage que dans un cursus scolaire. On apprend à être rentable, à être rapide et à faire des choses parfaites.
Il a fallu également que Jonathan trouve une formation dans un CFA. Problème : le CAP Art et techniques du verre option vitrailliste est rare, dispensé en apprentissage uniquement dans 5 établissements en France : Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), Vannes-le-Châtel (Meurthe-et-Moselle), Lyon (Rhône), Sorèze (Tarn) et Sainte-Luce-sur-Loire (Loire-Atlantique).
Impossible donc de suivre une formation théorique à plusieurs centaines de kilomètres de son entreprise. Heureusement, le CFA du Moulin Rabaud à Limoges avait la solution : la création, sur-mesure, d'une formation pour Jonathan. Le jeune homme est donc le seul apprenti de sa filière en Limousin ! Delphine Saiveau, directrice du CFA, y voit plusieurs avantages.
Des demandes, même rares, méritent une réponse. On construit du sur-mesure et du coup, on renouvelle les savoir-faire, on renouvelle les personnels au sein des petites entreprises
Les entreprises engagées dans l'apprentissage présentent une volonté particulière de formation et de transmission. Héritier d'un savoir-faire millénaire, à l'Atelier du vitrail, la direction est convaincue par le dispositif comme l'explique Didier Bayle, le gérant.
On ne propose des contrats d'apprentissage à des jeunes, que si on se sent en mesure de les embaucher. On ne les considère pas comme de la main-d'œuvre pas chère. Quand ils sont en formation, ils participent à la vie de l'entreprise comme les autres salariés.
Du vitrail à la porcelaine
Inès Ouahab a 22 ans. Elle prépare un BTS de conceptrice en Art et Industrie céramique. Elle aime la porcelaine et c'était une évidence : sa formation devait se dérouler à Limoges ! Inès suit donc des cours à l'école des métiers d'art au CFA Céramique.On apprend à travailler dans un cadre, avec des horaires, des consignes. On apprend dix fois plus vite.
Apprentie en alternance, elle suit deux semaines de formation théorique par mois et le reste du temps, elle travaille dans les ateliers de l'entreprise Artoria. "Aujourd'hui, la porcelaine est très contemporaine. Nous ne sommes plus sur les dorures et les petites fleurs d'autrefois. Les créations peuvent être très modernes". A l'école, elle bénéficie des cours de dessin, d'Histoire de l'art mais aussi français, anglais, culture générale. Elle planche sur ses propres projets. De retour dans l'entreprise, elle met ses compétences au service de l'atelier.
Nous travaillons sur des projets imposés, mais pas seulement. Je peux apporter ma créativité et développer ainsi mon propre savoir-faire