Coronavirus : les boulangeries n’ont pas baissé les bras face à l'épidémie

Elles font partie des très rares commerces restés ouverts malgré le confinement. Dès le 16 mars, les boulangeries se sont adaptées et réaménagées pour servir leurs clients.
 

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Chaque matin place Wilson, dans le centre de Limoges, une queue se forme devant la boulangerie Desem. Chacun, consciencieusement, comme s’il l’avait toujours fait, respecte les distances grâce au marquage au sol avec des bandes adhésives. Elles ont été installées dès le 13 mars, avant même que le confinement ne soit annoncé.

Des ventes en baisse

A l’intérieur, Isabelle Mourioux, la boulangère, et ses 5 employés, dont ses vendeuses gantées, a mis en place un parcours fléché pour accéder aux vitrines de produits. Pas plus de deux clients en même temps. Des clients fidèles mais quand même beaucoup moins nombreux.

En moyenne je fais 450 passages en caisse par jour, en ce moment c’est plutôt 150. Notre magasin subit la fermture du lycée Gay-Lussac, des magasins aussi. Les bureaux, par exemple à la CCI, sont  vides… Toute cette clientèle a disparu. Je fais environ 50% de chiffre d’affaires en moins. Par exemple, la partie traiteur (sandwiches, quiches…) a été supprimée. En fonction de l’emplacement, la situation est différente pour chaque boulanger. Isabelle Mourioux, boulangère

A environ deux kilomètres de là, avenue Emile Labussière, Sandra Noël estime limiter la casse, même si l'activité traiteur ne marche plus. En plus, une fois par semaine, elle accueille une vente de primeurs.

Je fais entre 20 et 25% de chiffre d’affaires en moins par rapport à avant le confinement, donc je ne me plains pas trop. Cela aurait pu être pire. J’ai une clientèle de quartier, et puis on a un grand parking devant le magasin donc ça aide. Mes clients font du stock, c’était  surtout le cas les premiers jours du confinement  avec des tourtes ou des boules tranchées. Ce qui est amusant, c’est que je vois beaucoup de gens venir juste pour une baguette. C’est la sortie prétexte « première nécessité » pour prendre l’air. Sandra Noël, boulangère

Besoin de farine et de levure

Isabelle Mourioux elle aussi l’a constaté : « j’ai une dame qui chaque matin vient acheter sa briochette, c’est sa sortie ». Autre achat en forte hausse, nos deux boulangères le confirment : la farine et la levure. Il n’y en a plus dans les grandes surfaces. « On nous en demande  tous les jours sans doute pour faire des gâteaux avec les enfants. C’est impressionnant la quantité que je peux vendre » déclare Sandra Noël, équipée de ses gants blancs, derrière ses énormes plexiglass posés devant sa caisse  comme dans un guichet de gare.

Ouverture 7 jours sur 7

Ces boulangères ne chôment pas. Comme les caissières ou les éboueurs, elles sont sur le pont depuis le début de l’épidémie. « 90 heures par semaine ! » pour Isabelle qui s’active devant ses fournils. Elle a modifié ses horaires : elle n’ouvre que le matin de 8H à 12H45, mais désormais 7 jours sur 7. Plus de vrai jour hebdomadaire de repos. Sandra, elle, ouvre toute la journée mais ferme une demi-heure plus tôt.

Et horaires réduits

La grande majorité des 200 boulangers de Haute-Vienne ont réduit leurs horaires d’ouverture de moitié explique Stéphane Collignon, président de la fédération départementale des boulangers et pâtissiers-boulangers.

Ce qui  est flagrant, ce sont les disparités territoriales. Les boulangeries de ville souffrent plus, avec l’absence des scolaires, des entreprises ouvertes. En revanche, en zone rurale, cela se passe mieux car du coup elles bénéficient aussi des habitants qui ne bougent plus, qui ne vont plus en ville pour travailler et qui achetaient donc leur pain sur place avant de rentrer. C’est unanime, ce que l’on appelle les ventes additionnelles ont chuté : nos clients ne prennent que du pain. Fini la petite chocolatine, la petite friandise située autour de la caisse que l’on rajoutait au panier. Au début du confinement on se faisait plaisir en rajoutant une pâtisserie, maintenant c’est  fini. Peut-être ont-ils pris plus de poids ! En fait on travaille un jour sur deux. Mes clients prennent du pain pour deux jours. Stéphane Collignon, président de la fédération départementale des boulangers  

Au moins, ce secteur d’activité continue de travailler et subira sans doute beaucoup moins une crise économique et ses dégâts.
Une chose est sûr, les boulangeries, commerces emblématiques de nos villes et nos villages, en restant ouvertes (et il faut les en remercier) auront fait du bien aux français durant ces deux mois de confinement. Du bien à nos estomacs et du bien au moral.
Le virus n’aura pas tué la baguette et le croissant.
 
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