Onze mois après la plainte déposée contre le maire de Limoges et deux de ses adjoints, le procureur de Tulle a décidé de l'ouverture d'une information judiciaire pour des faits de harcèlement moral et de harcèlement sexuel. Des faits qui concerneraient six victimes. L'affaire pourrait être dépaysée en dehors du ressort de la cour d'appel de Limoges. On fait le point.
La direction de la communication de la ville de Limoges indique, ce vendredi 10 janvier, que le maire de Limoges Emile-Roger Lombertie, et ses deux adjoints Catherine Mauguien-Sicard et Jean-Marie Lagedamont, ont bien reçu un courrier les informant de l’ouverture d’une information judiciaire pour les faits de harcèlement qui leur sont reprochés, confirmant l'information de nos confrères du Populaire du Centre.
Le procureur de la république de Tulle qui n'a, pour l'heure, pas répondu à nos sollicitations, confirme à nos confrères du journal Le Monde (qui avaient révélé l'affaire en février dernier), que cette information judiciaire est ouverte pour "harcèlement moral" et "harcèlement sexuel", et concerne "six victimes".
Une plainte qui prend de l'ampleur
À l'origine, une plainte déposée le 16 février dernier par deux agents publics travaillant dans les services de la ville et de l'agglomération, contre les trois élus à la mairie de Limoges et vices présidents de Limoges Métropole, pour des faits de harcèlement moral et à caractère sexuel, avait donné lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire.
"Le procureur de la République a estimé qu'un juge d'instruction méritait d'être désigné dans cette affaire. Deux infractions sont visées, harcèlement moral et harcèlement sexuel, sur le fondement des signalements que nous avions faits à l'origine", se félicite l'avocate des deux plaignants Maître Christelle Mazza.
Nous savions qu'il y avait d'autres potentielles victimes.
Maître Christelle Mazza,avocate des deux plaignants
Maître Christelle Mazza précise que dans leur plainte, ces deux clients avaient, en outre, dénoncé "des faits susceptibles de relever d'une infraction commise par les mis en cause, sur d'autres personnes qu'eux-mêmes", dont ils avaient été témoins dans leurs fonctions d'agents publics. "Il y aurait six victimes, ça veut dire qu'on est dans une dialectique plus sérielle et systémique", alerte l'avocate.
Vers un dépaysement de l'affaire ?
L'instruction de la plainte avait donné lieu à un premier dépaysement auprès du parquet de Tulle.
Afin de garantir une procédure sereine et impartiale, le procureur général aurait donc demandé le dépaysement de l'information judiciaire qui vient d'être ouverte, et la désignation d'un juge d'instruction hors du ressort de la cour d'appel de Limoges. La chambre criminelle de la Cour de cassation à Paris doit se prononcer dans un délai de dix jours.
Le service communication de la ville de Limoges précise que les trois élus mis en cause "n’ont pas accès au dossier", affirment qu'ils "n’ont pas été entendus", et ne savent pas qui seraient les quatre autres victimes.
Une affirmation déjà évoquée par le maire dans son interview du 19 mars 2024.
Ce vendredi, la ville fait savoir que ces trois personnes ne souhaitent pas s'exprimer.
Selon la procédure, les mis en cause auront accès au dossier dès lors que le juge d'instruction décidera de les convoquer. Ces derniers devraient être alors entendus par la justice, soit sous le statut de témoin assisté, soit sous celui de mis en examen.