Des centaines d’Ukrainiens sont arrivés dans le Limousin, fuyant leur pays en guerre. Ces personnes peuvent bénéficier d’un statut particulier, de soins, d’hébergement… On fait le point sur la situation en Creuse, Corrèze et Haute-Vienne.
Depuis le début de l’invasion Russe en Ukraine, plus de 4 millions de personnes ont quitté le pays, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En France, le ministère de l’intérieur indique que 40 000 personnes ont été accueillies entre le 24 février et le 5 avril 2022, dont 98% de ressortissants ukrainiens. La région Nouvelle-Aquitaine en accueille, elle, 14 944 en date du 6 avril dont 816 dans le Limousin.
En Corrèze, 200 Ukrainiens sont accueillis dont 25 arrivés dans le cadre du "desserrement en Île-de-France", indique la préfecture. Les autres sont des venues spontanées de personnes logées chez des particuliers explique le département. La Creuse en compte 197 et la Haute-Vienne est le département Limousin qui en accueille le plus, autour de 419 personnes.
En capacité d'accueillir encore
Certains Ukrainiens sont venus en Limousin via des associations qui se sont rendues en Pologne ou en Moldavie récupérer des ressortissants. D'autres sont arrivés depuis d’autres régions de France puis répartis dans le Limousin. Ceux, arrivés dès le début du conflit, sont venus par leur propre moyen, notamment grâce à "la fédération d’entraide France-Ukraine qui date de l’après Tchernobyl, très implantée là-bas d’où leur arrivée ici pour certains", indique-t-on du côté de la préfecture de la Creuse. Ce sont aussi des personnes ayant des liens familiaux dans le Limousin et des étudiants connaissant le territoire dans le cadre d’échanges universitaires.
Reportage de C. Nowak et L. Claveau
Pour l’heure, pas d’informations concernant les arrivées potentielles d’autres personnes du côté de la préfecture de la Nouvelle-Aquitaine. Mais en Limousin, la Creuse et la Corrèze estiment être encore en capacité d’accueillir d’autres personnes fuyant l’invasion Russe. En Creuse, seule la moitié des propositions d’hébergement ont été utilisées.
Quels hébergements ?
Les Ukrainiens arrivés via les associations ou répartis dans les régions suite à leur venue en France sont prises en charge par un dispositif d'accueil d'urgence dans des Hubs ou des SAS, prévus dans chaque département. Ils y restent quelques jours. Cela prend la forme d’hôtels, de centre de vacances ou de bâtiment communaux comme à Saint-Vaury en Corrèze. "Ces solutions sont provisoires, le temps d'envoyer les personnes déplacées chez les particuliers qui se sont portés candidats pour accueillir des Ukrainiens", indique la préfecture de Nouvelle-Aquitaine. Ensuite, les personnes sont réparties chez des particuliers dans l’hébergement dit "citoyen". Des personnes qui se sont fait connaitre au préalable auprès de leur municipalité ou à la préfecture via demarches-simplifiees.fr.
Les dossiers de ces familles d’accueil sont triés. En Creuse par exemple, un dossier sur deux est accepté. C’est une association référente qui a pour mission de mettre en relation les accueillants volontaires et les personnes déplacées (après évaluation des motivations des parties prenantes) et de "veiller à la qualité des conditions d’accueil, d’assurer le suivi de la cohabitation et l’accompagnement social", souligne sur son site le ministère de l’intérieur.
En Haute-Vienne, AUDACIA et en Corrèze, Viltaïs ont pour mission d’accompagner les ressortissants ukrainiens dès leur arrivée sur le territoire, notamment dans leurs démarches administratives (hébergement, réinsertion).
L’objectif étant ensuite que les ressortissants Ukrainiens puissent accéder à leur propre logement grâce à l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) et l’APL, indique-t-on du côté de la préfecture de Creuse. Des aides qu’ils peuvent obtenir en faisant une demande, en préfecture, d’une protection temporaire en France. Ce dispositif exceptionnel a été autorisé par la décision du Conseil de l’Union européenne le 4 mars 2022.
Quel statut ?
Pour avoir accès aux soins, à l’hébergement, à la scolarité et au travail, les ressortissants Ukrainiens peuvent demander, en préfecture, une protection temporaire en France. Pour l’obtenir, plusieurs critères sont retenus. Grâce à la protection temporaire, les personnes se voient délivrer une autorisation provisoire de séjour (APS) sur le territoire français d’une durée de 6 mois, portant la mention "bénéficiaire de la protection temporaire", le versement de l’allocation pour demandeur d’asile (ADA), l’autorisation d’exercer une activité professionnelle, l’accès aux soins par une prise en charge médicale à la scolarisation des enfants mineurs et un soutien dans l’accès au logement.
Les ressortissants ukrainiens qui souhaitent rester en France sans faire ces démarches, peuvent rester sur le territoire pendant 90 jours et même au-delà, a annoncé le gouvernement, en s’adressant à la préfecture. Mais ils ne peuvent pas bénéficier des droits économiques et sociaux (assurance maladie, prestations familiales, travail). Seul l’accès à un hébergement dit de droit commun est accessible (hébergement d’urgence et CHRS).
Sur le terrain dans le Limousin, de nombreuses associations soutiennent l'accueil et la prise en charge des Ukrainiens. "On s’est positionnés pour l’aide alimentaire", indique Arlette Sederpil, vice-présidente des Resto du cœur au siège à Feytiat. Les Ukrainiens qui viennent sont "des gens qui sont dans des logements préparés par les mairies, par les communes, mais il faut se nourrir", explique-t-elle.
Prochain défi pour le Limousin dans l'accueil des Ukrainiens : l'apprentissage de la langue française et l'accès à l'emploi.