Des dizaines d'infirmiers et d'infirmières pourraient se voir interdire d'exercer leur formation, faute d'avoir adhéré à l'ordre national des infirmiers. Depuis sa création, cet ordre ne fait pas l'unanimité, mais l'adhésion est pourtant obligatoire.
"J'ai l'impression que c'est un peu du racket", un sentiment d’injustice exprimé par Nathalie Lasne, rencontrée ce jour-là, à sa pause. Depuis 1992, Nathalie Lasne est infirmière au CHU de Limoges. Diplôme d’état reconnu dans la poche de sa blouse, elle a pourtant reçu un courrier de sa direction lui demandant d’adhérer à l’ordre des infirmiers sous peine de ne plus pouvoir exercer.
C’est pas tant la cotisation qui me pose problème, c’est la façon dont ça s’est passée ! On vient nous dire qu’il y a une loi en 2006, mais on n’a pas d’information. Après, on peut aller sur internet glaner des informations, parce qu’ils ne sont pas joignables apparemment !
Nathalie LasneInfirmière au CHU de Limoges
Si les infirmières et les infirmiers libéraux adhèrent à l’ordre, ce n’est pas le cas de toutes celles et ceux qui sont salariés dans le public ou le privé. Certains syndicats ne voyant pas l’utilité d’une telle adhésion. "Ils ne représentent rien pour les salariés qui ont déjà des représentants du personnel, élus dans des élections professionnelles qui vont les représenter tout au long de leur carrière. À la fois pour défendre leurs conditions de travail, mais aussi pour les défendre s’ils ont un problème disciplinaire au cours de leur carrière, argumente Florence Metge-Bureau, secrétaire générale CGT CHU Limoges.
Mais au regard de la loi de 2006 et du code de santé publique, tous les infirmiers habilités à exercer leur profession en France doivent obligatoirement adhérer à l’ordre sous peine de sanction. "Il nous reste encore 10% d’infirmiers libéraux non-inscrits. S’ils ne s’inscrivent pas, je pense qu’à la fin de l’année, l’ordre pourra porter l’affaire de ces infirmiers, au nom de l’article 40, au procureur de la République, pour exercice illégale de la profession", rappelle Fabienne Périgaud, présidente du Conseil de l’Ordre des infirmiers 87.
En Haute-Vienne, près de 350 infirmières et infirmiers n’auraient pas encore adhéré à l’ordre. Le montant de la cotisation pour les salariés est fixé à 35 euros, une somme qui sert essentiellement au fonctionnement de l’institution.