En Limousin comme partout en France, le travail temporaire connaît un fort recul. L'industrie, les travaux publics et le bâtiment sont les secteurs les plus touchés. La croissance poussive et un manque de visibilité économique expliquent cet essoufflement de l'intérim.
En 2024, le travail temporaire aura poursuivi sa chute. Voilà le bilan, limpide, qu'il est possible de dresser en ce mois de janvier. Après une année 2023 caractérisée par un plongeon de plus de 8%, cette situation s'est confirmée avec un recul d'environ 7% sur les douze derniers mois. En Limousin comme partout en France, les impressions des professionnels sur le terrain viennent corroborer ces chiffres publiés par le ministère du Travail.
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Une croissance en berne
À Limoges, par exemple, Stéphane Bobier, directeur d'une agence d'intérim "Acto", confirme cette "contraction" : "C'est à peu près la tendance en Nouvelle-Aquitaine et dans l'ancien Limousin, décrit-il. La fin d'année a quand même été très nettement orientée à la baisse, globalement, chez nous et nos confrères, de l'ordre de 15% en moyenne. Ce n'est quand même pas neutre !"
Certains secteurs s'avèrent particulièrement affectés : de l'industrie, notamment automobile, aux travaux publics, en passant par le bâtiment. Dans sa note de conjoncture, révélée en décembre 2024, l'Insee prévoit une croissance poussive pour le premier semestre 2025, avec une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 0,2%. Or, le recours à l'intérim s'avère historiquement indexé à la croissance, les employeurs faisant appel à des contrats temporaires pour affronter la demande à court terme.
Il y a quand même des entreprises, heureusement, qui vont bien et qui ont des besoins.
Alexandra PiresDirectrice d'une agence intérim "Artus"
En octobre dernier, la CGT recensait cent-quatre-vingts plans sociaux en un an. Au cours des derniers mois, la disparition de l'usine Amis et de ses quarante emplois, à Guéret, a marqué les esprits, tout comme la suppression de quatre-vingt-trois postes au sein du groupe Valéo, à Limoges.
En ce début d'année 2025, dans une autre agence de Limoges, Alexandra Pires, directrice chez "Artus", se montre résolument optimiste. D'après elle, certains domaines parviennent à se démarquer et à tirer leur épingle du jeu, comme la cartonnerie, la filière du bois, l'agro-alimentaire et le transport. "Il y a quand même des entreprises, heureusement, qui vont bien et qui ont des besoins, assure-t-elle. Je ne suis pas inquiète. J'ai connu des années beaucoup plus sombres, très dures. On a eu des plannings, en 2008 et 2009, qui se sont effondrés en quatre semaines !"
Une multiplication des travailleurs indépendants
De son côté, la chambre de commerce et d'industrie de Haute-Vienne (CCI) prépare la prochaine enquête de conjoncture. Les premières tendances se dessinent. "En tant que chef d'entreprise œuvrant dans la construction, les volumes d'heures travaillées en intérim baissent, analyse Pierre Massy, président de la CCI. Nous le constatons à travers les caisses de congés payés. La difficulté, aujourd'hui, c'est de se projeter. De savoir de quoi sera fait demain. Dans l'incertitude que nous traversons, évidemment, les choses sont plus délicates."
D'après les données publiées par le ministère du Travail, plus de 700 000 microentreprises ont vu le jour l'an passé. Cette multiplication des statuts d'indépendants, préférant ce modèle juridique et économique à celui des contrats courts, peut également expliquer la baisse du nombre de contrats d'intérim.