C'est l'un des écrivains les plus lus de France et il sera président de la 41ᵉ édition de Lire à Limoges du 20 au 22 juin. Le romancier nous a accordé un entretien. Michel Bussi en sept questions...
"Un avion sans aile", "Nymphéas noirs", "Ne lâche pas ma main", "Mon cœur a déménagé", "On la trouvait plutôt jolie"... Avec plus de douze millions de livres vendus, Michel Bussi fait partie, depuis plusieurs années, du cénacle des romanciers les plus lus en France.
L'écrivain était passé faire quelques dédicaces dans la ville porcelainière, mais n'avait jamais participé au salon "Lire à Limoges". Ce sera chose faite les 20, 21 et 22 juin prochains. Michel Bussi sera, pendant trois jours, le président de ce rendez-vous littéraire.
1. Peut-on parler, pour vous, de littérature populaire et sociale ?
"C'est vrai que mes romans, depuis le début, ont une dimension sociale et sociétale. En tout cas, je sais qu'ils dressent une peinture du monde assez fidèle aux problèmes du monde. Je ne me suis jamais senti très à l'aise dans un roman où tous les héros seraient écrivains, journalistes, chirurgiens, habiteraient des grands lofts dans de grandes villes. C'est une forme de littérature qui ne m'a jamais trop intéressé. J'adore créer mes romans et mes personnages dans des réalités sociales fortes, parfois conflictuelles, quitte même à aller jusqu'à parfois la caricature. Et puis aussi, j'assume une dimension politique qui n'est pas toujours assumée, c'est vrai, dans une part de la littérature, en tout cas de la littérature populaire."
2. La politique justement : quel regard sur les élections américaines ?
Michel Bussi est géographe, mais également spécialiste en géographie politique, avec une approche comparative des élections dans les démocraties des différents continents. La récente investiture de Donald Trump à la tête des États-Unis fait réagir l'écrivain : "C'est fascinant de voir comment s’est fissurée l’Amérique. On a l’impression qu’il y a deux États-Unis. Deux modèles : la création d’un monde de demain comme en Californie, un plus réactionnaire avec Trump. Mais les résultats sont acceptés, poursuit Michel Bussi. On n’a pas vu ou entendu de manifestation massive contre l’investiture de Trump. Il y a quand même un resserrement patriotique."
3. Le "twist" (retournement de situation), votre marque de fabrique ?
"En fait, ça s'est fait presque par hasard. Dès mes premiers romans, j'ai essayé effectivement d'avoir des intrigues qui avaient cette forme de retournement de situation. Je me suis aperçu que j'aimais ça, de mettre des faux-semblants, de faire des retournements de situation. Peut-être que si mes romans se sont vendus, ont été remarqués, c'est qu'ils avaient ce petit plus. Je sais que les lecteurs m'attendent là-dessus, que ça serait difficile, quelle que soit l'histoire que je déploie, qu'il n'y ait pas une part de surprise. Ce n'est pas du tout incompatible avec un roman sérieux, avec le fait de traiter de questions sociétales."
4. En tant que géographe, le territoire est-il aussi une source d'inspiration ?
Rappelons que l’écrivain, géographe de formation, a enseigné à l’université de Rouen pendant de nombreuses années. Les lieux où se déroulent ses histoires sont primordiaux, que ce soit en Outre-mer, dans les Ardennes, voire en Normandie… La notion de territoire est toujours très présente dans son œuvre. Dans son dernier roman, " Les Assassins de l’aube ", trois touristes sont tués avec un harpon. Un pur polar avec des meurtres sur fond de magie noire en Guadeloupe. "C'est vraiment la première fois que je mets en scène un tueur en série avec une équipe de policiers qui doivent coincer ce tueur. Donc, on est dans des codes plus classiques du thriller avec une enquête. La Guadeloupe donne évidemment une dimension particulière. Choisir un territoire, c’est comme un casting, j’essaye de trouver le lieu idéal ou le lieu qui m’offrirait le maximum de possibilités pour déployer mon histoire".
Il y a un certain nombre d’auteurs, même populaires, qui peuvent avoir envie de citer systématiquement des auteurs que personne ne connaît ou des artistes pointus que personne ne connaît. Moi, je n’ai pas ce snobisme-là
Michel BussiEcrivain, président de Lire à Limoges 2025
5. Vos titres font référence à des chansons populaires. Pourquoi ?
"Il y a un certain nombre d’auteurs, même populaires, qui peuvent avoir envie de citer systématiquement des auteurs que personne ne connaît ou des artistes pointus que personne ne connaît. Moi, je n’ai pas ce snobisme-là, peut-être parce que je suis universitaire et que je n’ai pas besoin de prouver quoique ce soit sur ce plan-là. Du coup, j’adore citer des références populaires."
Le titre du dernier livre de Michel Bussi, "Les Assassins de l’aube" est tiré d’un poème d’Aimé Césaire. On se souvient d’"Un avion sans aile", "Maman a tort" ou "Trois vies par semaine", des romans dont les titres font référence à des chansons populaires.
Je vais continuer à voyager et faire voyager.
Michel BussiEcrivain et président de Lire à Limoges 2025
6. Pourquoi avoir dit oui à Lire à Limoges ?
Michel Bussi est Normand d’origine. Sa région de cœur est l’Auvergne. À part plusieurs incursions au salon du livre de Brive, le Limousin est un territoire que l'écrivain souhaite explorer.
"Souvent, je cherche des lieux qui ont une âme, qui ont une histoire, qui ont des particularités, explique l'écrivain. Et c'est vrai que Limoges en fait clairement partie. En tant que géographe, et j'espère bon connaisseur de la géographie française, c'est vrai que Limoges et le Limousin, font partie de ces régions qui font fantasmer, dans lesquelles on a envie de s'arrêter, de mieux connaître."
7. Le prochain roman ?
"Je ne peux pas trop encore en parler. En tout cas, ce sera encore une destination lointaine, c’est tout ce que je peux dire, voilà. Une destination lointaine et inattendue et ce sera encore un roman différent."
Pas en Normandie donc ? "Pas tout de suite. Peut-être après, mais pas tout de suite. Je vais continuer à voyager et faire voyager."
Michel Bussi, romancier qui fait voyager, écrivain populaire qui fait appel à l'intelligence de son lecteur. Lecteur qu'il rencontrera, sans coup férir, pendant Lire à Limoges, du 20 au 22 juin prochains.