La reprise s’amorce chez Legrand. A partir du 13 avril, environ 200 personnes devraient reprendre le travail au siège social, à Limoges, après un accord de flexibilité signé avec 3 des 4 organisations syndicales. Des conditions de reprise dénoncées par la CGT, seul syndicat non signataire.
Un accord basé sur le volontariat
Cette semaine, un accord de flexibilité a été conclu entre syndicats majoritaires (CFDT, FO, CFE-CGC) et la direction de Legrand pour une reprise progressive du travail, y compris dans les ateliers de production. Des conditions de travail qui soulèvent beaucoup d’interrogations à la CGT, comme l’explique Lionel Guy, secrétaire du syndicat non signataire à Limoges.Malgré tout, les syndicats ont pu obtenir certaines concessions accordées par la direction, ajoute Lionel Guy :
"A force de persuasion, nous avons réussi à obtenir que la mise à disposition de deux masques par jour pour tous les salariés, la possibilité de prendre la température à l’entrée de l’usine. Nous avons imposé à la direction des mesures drastiques notamment pour la distanciation. Aujourd’hui, on a l’impression d’avoir fait le maximum mais est-ce que ce sera suffisant en plein pic de l’épidémie, c’est la question qu’on se pose aujourd’hui" .
Pas de chômage partiel pour verser des dividendes aux actionnaires
Le délégué CGT dénonce également un accord (lié aux ordonnances du gouvernement) qui autorise une grande flexibilité du travail, "jusqu’à 48H par semaine", en période d’activité faible et sans recourir au chômage partiel.
Et d’expliquer : "C’est un accord qui est fait pour nous piquer tous nos congés alors que l’activité est au plus bas. Le chômage partiel serait la solution mais notre direction refuse de le mettre ne place car elle a peur des conditions qui risquent d’être imposées, c’est à dire le non-reversement des dividendes, la baisse des salaires des dirigeants et aujourd’hui, il n’y a aucune solidarité à ce niveau là".
Un déficit de communication en France comme à l'étranger
Pour Olivier Sarre, secrétaire adjoint du Comité d’entreprise européen du groupe Legrand, il a y un déficit de communication de la part de la direction.Une inquiétude qui s’étend à l’ensemble du groupe Legrand, à l’échelle européenne. Chargé d’harmoniser la cohérence des rapports sociaux au sein des différentes entités en Europe (3 000 salariés « Legrand » en Italie par exemple où le chômage partiel est instauré tout comme en Espagne), Olivier Sarre s’interroge sur les politiques sociales de la multinationale notamment dans les pays de l’Est comme en Hongrie :
"Au niveau de la Hongrie, le gouvernement a publié des ordonnances qui permettent à l’employeur à déroger à toutes les articles du code du travail, donc l’employeur a la possibilité de faire ce qu’il veut en terme de santé, de sécurité, de rémunération, d’imposition des congés, tout est remis en question de façon défavorable envers les salariés".
Tests sanitaires à Limoges
Chargé de maintenance, Olivier Sarre opère sur le site d’Esther à Limoges. Malgré un marché de la construction à l’arrêt, le travail doit reprendre mercredi prochain avec une partie des 200 salariés, des volontaires. La fabrication des produits électroniques de ce site est principalement destinée au Moyen-Orient pour les activités hôtelières et tertiaires. Les 15 jours à venir doivent servir à tester les mesures de sécurité sanitaire.Sollicitée, la direction du groupe Legrand n’a pas souhaité ni répondre à nos messages, ni à nos demandes d’interview.