A Limoges, un nouveau dispositif permet aux commerçants d'acceuillir les victimes d'agressions sexuelles et sexistes. Le collectif Les Affolé-e-s de la Frange à l'initiative du projet entend ouvrir ce réseau à plus grande échelle et souhaite obtenir le soutien des mairies dans les prochains mois.
A Limoges, le collectif « Les Affolé-e-s de la Frange » est en plein développement d’un réseau de « lieux sûrs » pour les victimes de violences sexistes, sexuelles et raciales.
De manière générale, cette association milite pour les droits des femmes et leur protection en toute circonstance. Elle organise également des cours d’auto-défense.
A travers, le dispositif « LANTERNE » le groupe associatif engage les commerçants volontaires à accueillir, protéger et orienter les victimes, « l’idée c’est de créer des endroits en mise en sécurité rapide avec des commerçants formés aux premiers gestes en cas de violences sexistes et sexuelles » confie Angel, animatrice et coordinatrice du collectif, à l’initiative du dispositif. D'ici quelques mois, les commerces concernés devraient porter une étiquette sur leurs devantures.
Ce projet sera mise en place courant 2021 grâce à un financement participatif, dont la campagne se termine fin janvier, "nous devons récolter 6500 euros". Près d'un quart du budget nécessaire a déjà été recueilli. La prochaine étape ? Concrétiser le projet.
« Les Affolé-e-s de la Frange » envisagent de se rapprocher de la mairie de Limoges pour demander la création d’un « pôle dédié avec des travailleurs sociaux » qui puissent venir sur place pour prendre en charge les personnes directement dans les commerces concernés, « l’idée, c’est de ne pas rajouter une charge de travail supplémentaire aux commerçants ». Ainsi, les boutiques volontaires disposeront d’un numéro à contacter si une victime se présente et permettre au collectif de répondre à cette demande, urgente dans certains cas.
Une demande en hausse
Une quinzaine de commerçants a déjà répondu présent, signe que cette demande est en forte hausse à Limoges, « nous avons eu pas mal d’appels de commerçants nous disant qu’ils avaient en face d’eux une femme dans leur boutique, qu’elle ne souhaitait pas contacter la police et qu’eux même ne savaient pas quoi faire ». Le collectif Les Affolé-e-s de la Frange entend développer le dispositif dans d'autres villes de Nouvelle-Aquitaine : à Bordeaux, Angoulême et Poitiers, par exemple.
Interview d'Angel, animatrice et coordinatrice Les Affolé-e-s de la Frange (propos recueillis par Robin Spiquel)
Cette tatoueuse par exemple, a accepté de jouer le jeu. Elle a déjà imaginé les conditions dans lesquelles elle pourrait recevoir une potentielle victime d’agression sexiste ou sexuelle, « c’est important d’avoir un espace dédié dans Limoges pour accueillir ces personnes. C’est bien qu’elles se sentent soutenues par les acteurs locaux. »
D’après un sondage de l’IFOP pour la fondation Jean Jaurès, en France, « 86% des femmes déclarent avoir subi une atteinte ou une agression sexuelle dans la rue.» Cette chaîne de solidarité n'est pas uniquement réservée aux femmes mais à l'ensemble des personnes susceptibles de subir des aggressions de rues.
L'association « Les Affolé-e-s de la Frange » fête ses trois ans cette année. Elle envisage d'obtenir l'agrément "jeunesse et éducation populaire" pour intervenir dans milieux scolaires et sensibiliser les plus jeunes aux sujets défendus par le collectif.