Limoges : réouverture des boîtes de nuit dans un contexte menaçant

C'était hier le grand soir pour les boites de nuit. Deux discothèques de Limoges ont fait le pari de la réouverture dans un contexte difficile. La menace du variant Delta se précise et concerne particulièrement les jeunes.

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"Attention au bar aux jeunes de 18 ans qui risquent de beaucoup s'alcooliser ce soir. On a du gel hydroalccolique à dispo et des masques. Attention aussi à la jauge dans le fumoir. Il ne faut pas qu'il y ait trop de monde".

A quelques minutes de l'ouverture, c'est le moment des dernières consignes à l'intérieur du Times Club de Limoges. Thibault Degonville, le gérant, distribue ses directives. Et c'est parti, minuit sonne. Après un an et demi de fermeture c'est enfin le grand soir. Devant l'établissement quelques dizaines de jeunes sont déjà massés téléphone à la main, QR code en évidence. Ils ne sont pas alcoolisés et ont pour la plupart bien anticipé les contraintes pour pouvoir faire la fête. Pour pouvoir rentrer, il faut en effet cocher trois cases au choix : avoir été vacciné, deux doses, depuis au moins quinze jours. Test PCR négatif depuis moins de 48 heures. Ou enfin une attestation du médecin suite à une contamination de moins de 6 mois. Les portiers essuient les plâtres. Les vérifications sont contraignantes et allongent le délai pour accéder à la piste de danse. Deux personnes supplémentaires ont été spécialement embauchées pour filtrer l'entrée. Il leur faut scanner les QR codes sur portable ou sur papier, réclamer les cartes d'identité ou cartes vitales. Plusieurs candidats à l'entrée sont refoulés. Un jeune homme s'est fait voler sa carte d'identité, un autre a oublié son attestation, vaccination de moins de 15 jours pour le dernier. Ils feront la fête à la maison. 

Pour les autres, c'est le plaisir de retrouver le dancefloor. Plusieurs copines un peu désorientées découvrent les lieux et esquissent de timides pas de danse. Elles ont 18 ans, c'est leur première fois en boîte. "J'ai fait les vaccinations, tout ce qu'il faut et on est là".

Pour les habitués c'est la vraie vie qui recommence.

"C'est vrai que ça nous manquait. En tant que jeune on attend vachement de sortir. Ça fait plaisir de décompresser en sortant en boîte, ça fait du bien !"

Cette réouverture c'est un soulagement pour Thibault Degonville, même si elle a un goût amer.

"Quand on voit ce qui se passe en Catalogne, on sait très bien que ça ne va peut-être pas durer, donc là on a ouvert en espérant rester le plus longtemps possible. Après si ça dure une semaine ou deux semaines, on va voir, ça sera déjà pas mal. Mais on espère que ça s'inscrive vraiment dans la durée parce qu’on a une demande importante des jeunes, surtout des étudiants qui ont déjà programmé des soirées jusqu'à janvier de l'année prochaine".

Même écho pour son confrère du Buckimgham.

"Il y a une résurgence du Covid et ça monte pas mal. Apparemment, le président doit parler lundi à 20h et à chaque fois qu'il parle, ce n'est jamais pour annoncer des bonnes choses. On s'attend un peu au pire. On espère que ce sera juste une obligation vaccinale et ça sera très bien. Au moins on pourra revivre. Cela fait quand même 16 mois qu'on est fermé. Ça fait beaucoup trop longtemps !" explique Benoît Graindorge, le gérant. 

La décision d'ouverture n'était d'ailleurs pas si évidente. Avec une jauge fixée à 75% difficile d'être rentable. En Creuse, par exemple, aucune des trois boîtes du département n'a souhaité tenter l'aventure.

"Financièrement ça a été très très dur. Les aides n'ont pas suffi à couvrir nos charges. Très honnêtement si on avait eu plus d'aides, on n'aurait pas rouvert ce soir au vu des contraintes" explique d'ailleurs Thibault Degonville. 

La menace du variant Delta se précise. Après ce week-end, il représentera plus de la moitié des nouvelles contamination dans l'Hexagone. L'exemple de l'étranger, Espagne et Grèce en tête, justifie pleinement les inquiétudes des gérants de discothèques. Le variant se propage surtout chez les jeunes après les soirées festives post-examen. Pas très grave pour eux qui ne développent que rarement des cas graves. Plus gênant quand ils contaminent des membres de leur famille et que la contamination s'étend à toute la population. Consciente du problème, la Grèce vient d'ailleurs d'interdire de rester debout dans les lieux de divertissement, inaugurant une Corona danse pratiquée du haut d'un tabouret. 

Les annonces éventuelles du chef de l'Etat lundi seront donc particulièrement scrutées par le monde de la nuit qui craint une trop éphémère ouverture. 

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