Des températures glaciales sévissent en limousin, jusqu’à -7 ou encore - 11 degrés enregistrés ce mardi 14 janvier. Le niveau 1 du plan grand froid a été déclenché en Creuse et en Haute-Vienne ces derniers jours. Depuis samedi, le préfet de la Haute-Vienne a demandé au 115 de trouver une solution d'hébergement pour toutes les personnes qui en feraient la demande.
Dans la rue commerçante de Limoges, rue Jean-Jaurès, sur le trottoir, emmitouflés Pierre, 54 ans et son épouse Sylviane, 60 ans. Ils font la manche dans le froid. Après avoir perdu leur travail en région lyonnaise, Pierre a voulu revenir dans son bastion d’origine. Il y a quelques jours, le 115 lui a proposé un hébergement, au nord de Limoges. Pour lui, c’est trop loin du centre-ville alors, il a donc refusé : "On n’a pas de sous pour prendre le bus. Le 10 décembre, on était dans un logement d’urgence rue Émile Zola, mais le 24 décembre, ils nous ont fait sortir, explique-t-il. Là, on dort dehors, sous le CCAS. On a des couvertures, des duvets. De temps en temps, on appelle le 115, les maraudes ramènent à manger, mais ce sont des trucs froids. C’est à nous de se débrouiller, d’acheter des réchauds pour faire à manger chauds. On va aux restos du cœur, on se lave tous les jours, on lave le linge, et on fait la manche. C’est les gens qui nous achètent à manger."
"On est bien couvert, ça va", raconte Sylviane. "On a une dizaine de couvertures."
Loger tous ceux qui en font la demande
La Haute-Vienne dispose de 222 places d’hébergement d’urgence. Toutes occupées. Mais avec le froid des derniers jours, depuis samedi, le préfet a demandé au 115 de faire dormir au chaud tous ceux qui en font la demande, tant que cette vague glaciale n’est pas passée. Il faut donc trouver des lieux d’accueil à l’hôtel ou ailleurs. Le préfet précise également que des plats chauds sont également proposés lors de certaines maraudes.
Vingt-cinq personnes, dont cinq enfants, ont accepté un logement. Mais la préfecture dit faire face à de nombreux refus de sans-abris pour des raisons diverses, comme les problématiques de transports ou la non prise en charge des animaux de compagnie.
Hébergements d’urgence saturés
Le problème revient chaque année. En période normale, quand le préfet ne prend pas de mesures exceptionnelles comme ces jours-ci, les logements d’urgence sont saturés. L’association "Les Autres" le constate chaque semaine. En partant à la rencontre des SDF, lors de leur maraude le vendredi soir, elle doit déborder régulièrement de ses missions premières. En plus de donner à manger aux personnes vulnérables, elle explique qu’elle est souvent contrainte de payer l’hôtel à des familles avec enfants, faute de places d’hébergement d’urgence.
Tous les vendredis soir, quand on appelle le 115, on nous répond, il n’y a pas de place. Même une famille avec des enfants, on nous répond, on ne peut rien faire. On ne peut pas comprendre qu’il y a des enfants dehors dans la rue. C’est inhumain, on le vit mal.
Jean Pierre OrfèvrePrésident de l'association "Les Autres"
Selon le 11e rapport sur la mortalité des personnes sans chez soi en France, publié par Médecin du Monde en 2023, dormir dehors réduit l'espérance de vie. Très inférieure à la population générale : elle atteint en moyenne 46 ans pour les femmes, 50 ans pour les hommes, soit un écart de plus de trente ans avec la population générale.
Sans ces mesures préfectorales uniques, près d'une dizaine d'enfants dormiraient dehors en ce moment en Haute-Vienne.