"On demande 2,5% d’augmentation, parce que la boîte gagne de l’argent", confie l’un des salariés d’Arquus en grève

La négociation annuelle obligatoire vient de démarrer chez le groupe Arquus et elle patine. Le groupe, qui fabrique des véhicules pour l'Armée, est passé sous pavillon belge. L’occasion choisie par les organisations syndicales de monter au créneau pour demander une augmentation de salaire.

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"Notre groupe ne fonctionne pas comme il faut", c’est Michael Rebière, délégué syndical central CGT dans le groupe Arquus qui porte l’accusation. Les salariés d'Arquus testent, pour la première fois ce lundi 20 janvier 2024, le dialogue social de John Cockerill Defense, nouveau propriétaire du groupe, depuis juillet.

Activité ralentie 

L’image est assez rare. Au petit matin, des dizaines de salariés du groupe bloquent l’entrée de leur usine. Ils sont particulièrement déçus par les dernières négociations salariales. Ils espèrent obtenir davantage que ce qui leur est proposé. 

Sur ce site industriel, près de 300 personnes fabriquent des véhicules blindés comme le Griffon ou encore le Jaguar. Son principal client : le ministère des Armées et la direction générale de l’armement. En France, le groupe Arquus possède cinq sites, dont celui de Limoges, avec en tout, 1300 salariés. Aujourd'hui, le groupe tourne au ralenti, bien en dessous de ses capacités, selon les représentants syndicaux.

La directrice du site n’a pas souhaité répondre à nos questions. Ce qui ne l’a pas empêché de venir saluer les grévistes aux aurores. Des salariés qui réclament la réouverture des négociations annuelles obligatoires sur les salaires.

La réaction de Michael Rebière, délégué syndical central CGT dans le groupe Arquus  :

Michael Rebière, délégué syndical CGT chez Arquus, très déçu par les négociations salariales. © France Télévisions

France 3 Limousin : Les mouvements de grève chez Arquus sont rares, quel est le problème ?  

Michael Rebière : C’est assez rare, en effet, mais quand il y a besoin, on sait se faire entendre. On trouve que nos négociations salariales ne sont pas du tout à la hauteur du travail réalisé ou du travail à faire. Ce n'est pas normal d’avoir des augmentations de 1,5 % alors que la moyenne nationale, elle est de 2 à 2,5. Par rapport à la concurrence, on est très bas. Ça, ce n'est pas normal.

 

Vous estimez que le groupe ne fonctionne pas comme il faut, vous pointez un problème de transparence ?

Michael Rebière : Notre groupe ne fonctionne pas comme il devrait fonctionner. Nos responsables, ils ont un joli jouet dans leurs mains, mais ils ne savent pas s’en servir. C’est clair et net, on a un problème de stratégie. Un coup, on va aller prospecter par-ci, on va prospecter par là, mais on n’a pas de chiffres, on n’a rien du tout, et ça, ce n’est pas normal. Quand vous voyez nos concurrents qui font des bénéfices à deux chiffres, alors que nous, on peine à 3%, ce n'est pas normal. On fabrique les mêmes choses que certains concurrents, et pourtant on ne s’en sort pas. Donc, il y a du gaspillage quelque part. Du gaspillage économique, sur les mains-d’œuvre.

 

L'usine Arquus Limoges tourne au ralenti à cause du débrayage des salariés. © France Télévisions

Ce qui explique que les augmentations salaire ne soient pas à la hauteur de vos attentes ?

Michael Rebière : On n’a pas les chiffres. Si on est mal utilisé, forcément, on ne fait pas de bénéfices, on ne peut pas répartir les richesses après.

 

Les opérateurs ont cessé le travail ce lundi matin. En revanche, pas les cadres. Ça vous surprend ?

Michael Rebière : C’est un peu gênant, parce qu’habituellement, les trois organisations syndicales se réunissent. Cette fois, la CFE-CGC n’a pas voulu nous suivre. C’est dommage, parce que ça aurait pu être bien d’être ensemble.

La réaction de Guy Barruel, CFDT Arquus Limoges :

Guy Barruel, délégué CFDT chez Arquus Limoges. © France Télévisions

Guy Barruel : Je travaille chez Arquus depuis vingt-cinq ans, il faut reconnaître qu’il y a eu de belles évolutions dans l’entreprise, mais cette fois-ci, c’est dans le mauvais sens. On espère que ça va s’améliorer. On a commencé les négociations salariales, mais ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est du jamais vu. En vingt ans, je n’ai jamais vu ça, sauf peut-être pendant les années COVID, où il n’y avait pas de productivité, mais aujourd’hui, les chiffres sont là, on nous dit qu’on gagne de l’argent, mais ce qu’on nous propose en termes d’augmentation, ce n’est vraiment pas à la hauteur de ce qu’on attend. On attend au moins d’être aligné sur la moyenne nationale, qui tourne entre 2,3 et 3% d’augmentation de salaire. Aujourd’hui, on nous propose 1,5%. On ne parle pas d’augmentation individuelle parce que ce n’est pas pour tout le monde. Nous revendiquons une augmentation générale des salaires. On demande, au minimum, 2,5 ou 2,6%.

 

Les augmentations proposées ne sont pas à la hauteur clame les salariés d'Arquus. © France Télévisions

Que répond la direction ? 

Guy Barruel : Ils nous font croire qu’il n’y a pas d’inflation cette année, mais on revendique surtout sur les années que l’on a perdues. Sur plusieurs années, on a perdu, et là, on essaye de faire du rattrapage, mais, rien que cette année, nous n’avons même pas de quoi couvrir l’inflation de cette année (1,5%) 

 

Vos revendications portent sur la mutuelle également ?

Guy Barruel : Oui, on a changé de patron, donc la mutuelle risque de changer. Et notre demande, c’est que la nouvelle mutuelle soit équivalente.  

 

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