Il y a un an, la maison Maris était victime d'une erreur de dépistage de la tuberculose bovine au sein de son troupeau. Cette ferme laitière, basée à Ladignac-le-Long, en Haute-Vienne, avait dû jeter toute sa production de lait et tuer sept vaches. N'ayant bénéficié d'aucune indemnisation, les agriculteurs envisagent de porter plainte contre l'administration. Une manifestation de soutien est prévue devant la préfecture de Limoges, ce lundi 20 janvier.
De Panazol au marché Marceau, à Limoges, c'est une maison bien connue des amateurs de fromage en Haute-Vienne. Il y a tout juste un an, la ferme laitière Maris a pourtant bien failli disparaître. "Il y a le préjudice moral qui est difficile à mesurer, le préjudice d'image, car on a fait part à nos clients de la problématique, témoigne le patron Pascal Maris. Il y a la situation économique. Ça, c'est quelque chose de très palpable au quotidien. On a 100 000 euros de factures impayées, que l'on traîne depuis un an. On attend de trouver des solutions qui n'arrivent pas."
Une indemnisation refusée par le ministère de l'Agriculture
L'événement à l'origine de ces difficultés remonte à janvier 2024. Basée à Ladignac-le-Long, l'exploitation est alors victime d'une grave erreur de diagnostic de la part d'un laboratoire. Dans le cadre du contrôle annuel obligatoire contre la tuberculose bovine, sept vaches du cheptel présentent des résultats suspects, et l'une d'entre elles est même déclarée positive. Dans ce cas, les services vétérinaires se montrent catégoriques : il faut abattre tout le troupeau, détruire le lait et interrompre immédiatement la production de fromage.
Heureusement, les résultats se révèlent faux. L'échantillon prélevé a été contaminé en laboratoire. Le préfet en personne vient l'annoncer aux agriculteurs, le 18 janvier 2024. Les trois cents vaches échappent à l'euthanasie, même si les sept suspectées d’être porteuses de l'épizootie ont été abattues. Entre-temps, les éleveurs ont dû jeter tout leur lait.
L'État fait des erreurs et n'en assume pas les responsabilités derrière.
Maëlle DesblesResponsable d'élevage à la maison Maris
Si une indemnisation à l'amiable a, un temps, été évoquée, elle vient d'être rejetée par le ministère de l'Agriculture. "Si on avait abattu toutes nos vaches, on aurait été indemnisé à hauteur de 600 000 euros, explique Maëlle Desbles, responsable de l'élevage. On demande 230 000 euros pour les pertes et on nous dit que l'argent n'est pas disponible. On a du mal à comprendre. L'État fait des erreurs et n'en assume pas les responsabilités derrière."
40 000 euros d'investissement pour compenser la destruction du lait
L'an dernier, la maison Maris a dû investir dans du matériel pour aller chercher du lait dans une exploitation voisine et ainsi poursuivre son activité. "On a investi 20 000 euros sur un tank à lait, à vendre depuis un an et dont personne ne veut, déplore Pascal Maris. Pour le reste, nous avons aussi investi dans des pasteurisateurs. Le total s'élève à 40 000 euros."
En dernier recours, le patron envisage de porter plainte contre l’administration. Il doit être reçu à la préfecture de Limoges, ce lundi 20 janvier, où un rassemblement de soutien est prévu à 17 heures.