Que l’on prenne le train ou la voiture, rallier Poitiers depuis Limoges – ou l’inverse – n’est pas une partie de plaisir. Pour les habitués du rail, le trajet s’allonge d’une heure pendant neuf mois. Des travaux de réfection des voies obligent la SNCF à couper le trajet en deux. Pour les voyageurs, il faudra désormais prendre le train... et le car.
En gare de Limoges, ne cherchez pas le nom de Poitiers sur les écrans. Il faut viser Le Dorat (Haute-Vienne). À bord du train de 8 h 40, certains voyageurs peu coutumiers de la ligne questionnent les autres usagers : "Il va bien à Poitiers ce train ?" La réponse fait sourire. "Oui, enfin non. Il faut prendre un car au Dorat", répond Claire.
Un trajet coupé en deux
Cette Corrézienne met déjà une heure pour atteindre Limoges. Prendre un car au Dorat pour rallier Poitiers lui ajoute une heure supplémentaire sur son trajet. D’ordinaire, il faut 1 h 50 pour un Limoges-Poitiers, cette durée grimpe à 2 h 50 pendant la période de travaux.
Jusqu’en septembre 2025 donc, ces travaux de renouvellement de la voie ferrée se concentrent dans la Vienne, entre Saint-Benoit et Lathus-Saint-Rémy. La ligne est complètement fermée sur ce tronçon. Un chantier à 70,4 millions d’euros, financé pour moitié par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Cette opération vise à renouveler l’infrastructure pour une durée de vingt ans. Elle est donc censée, selon SNCF Réseau, "améliorer la régularité de la ligne et développer l’offre TER sur la ligne".
Ce qui soutient l’ensemble de la voie ferrée, c’est la plateforme. C’est elle qu’il faut régénérer. La rendre étanche, car le drainage était très mauvais. C’est pour cela qu’on refait tous les caniveaux le long des voies ferrées.
Christophe BrochardReprésentant de la maîtrise d’ouvrage SNCF Réseau
Des travaux d’autant plus nécessaires que la ligne Limoges-Poitiers a connu une hausse de fréquentation entre 2022 et 2023. Le nombre d’usagers a bondi de 6,2 %, c’est plus que sur l’ensemble du réseau régional (+5,5 % sur la même période).
606 usagers l’empruntent chaque jour, soit trente-deux personnes en moyenne par train. Claire ne voyage que ponctuellement entre les deux anciennes capitales. Elle comprend le besoin de travaux, mais attend un geste de la SNCF ou de la Région : "Le temps augmente. Nous avons un tiers du temps de trajet en plus, mais le prix reste le même. Une remise d’un tiers du prix serait juste."
Quelques sièges plus loin, un voyageur tape sur son ordinateur. Il habite Limoges et vient deux fois par semaine à Poitiers pour donner des cours. Il a l’impression de revivre la même histoire.
Voilà quinze ans que j’emprunte cette ligne, elle est souvent rénovée, mais le train n’avance pas. Je ne sais pas d’où vient le problème, mais c’est assez pénible.
Un voyageur régulier
Il est 11 h 30. Les portes du car libèrent une douzaine de personnes. Seules cinq personnes étaient au départ de Limoges, les autres sont montés à bord en cours de route. Claire relativise : "Ce n’est pas le Kosovo non plus, ça va !"
Avant le lancement du chantier, le vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Renaud Lagrave, annonçait travailler sur un schéma permettant aux usagers d’avoir une meilleure correspondance vers Paris, en TGV, via Poitiers. Une solution pour compenser les immenses difficultés de la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse).
Avant d’en arriver là, il y aura une seconde phase de travaux pour pérenniser les voies. Cette fois, la ligne sera totalement fermée entre Lathus-Saint-Rémy (Vienne) et Limoges entre août 2026 et juin 2027. Le coût total des travaux avoisinera les 200 millions d’euros.