Elle avait 18 ans en 1942 lorsque ses parents ont accueilli deux enfants juifs pour les cacher dans leur ferme de Châteaux-Chervix. En parallèle, elle travaillait au château de Montintin qui a sauvé une centaine d'enfants de la Shoah. Jacqueline Bayle a reçu ce jeudi 11 mai le titre de Juste parmi les Nations, la plus haute distinction accordée par l'État d'Israël.
« Madame Bayle, vous allez obtenir cette haute distinction de Juste parmi les Nations » : l’émotion est palpable sur le visage de celle qu’on honore ce jour-là, à l’énoncé de ces mots.
Assise sous un chapiteau devant un parterre d’adolescents et d’élus, Jacqueline Bayle, 98 ans, ainsi que ses parents à titre posthume, sont reconnus par l'État d'Israël comme Justes parmi les Nations, pour avoir sauvé des enfants juifs réfugiés au château de Montintin durant la guerre. Un comportement héroïque.
« J'étais jeune et insouciante peut-être »
« J'étais jeune et insouciante peut-être » articule-t-elle avec un petit haussement d’épaules. « Je ne savais pas le danger qu'il y avait ! Il y avait un grand danger même », avoue-t-elle.
Trois cents élèves assistent à cette cérémonie, qui s'adresse d'abord à leur génération : « Ils doivent apprendre ce qui s'est passé de mal, mais ils doivent apprendre ce qui s’est passé de beau », martèle Gérard Benguigui, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem présent à la cérémonie. « Ce qui s’est passé de beau, c’est le sauvetage des Juifs en France. Madame Bayle est un trésor, oui, c’est quelqu’un de très précieux ! Elle est précieuse par sa personnalité, elle est précieuse par ce qu’elle a fait ! », insiste, reconnaissant, le représentant de Yad Vashem.
"Il faut montrer notre gratitude envers cette femme"
Le récit de l'action de Jacqueline Bayle et de ses parents est immédiatement reçu comme un exemple pour les collégiens présents.
« Il faut montrer notre gratitude envers cette femme qui a juste fait preuve d’une grande humanité, et qui a sauvé pleins de vies, et c’est remarquable ! », s’enthousiasme Maëlle Audrie dans la cour d’école. Sa camarade Margot Pujol explique qu’on « ne rend jamais service sans intérêt derrière, ou gratuitement, c’est important de commémorer et d’en parler ».
Pour l'Institut Yad Vashem, les Justes sont des gens qui ont su, d'instinct, distinguer le bien du mal, et qui ont choisi le bien.
Avec Sébastien Laporte et Rémi Carton