Les élèves de CM2 de la promotion 2019-2020 d'Oradour-sur-Glane recevront ce samedi le livre de Robert Hebras, « Avant que ma voix ne s'éteigne », et celui d'Albert Valade, "Oradour la renaissance". Une tradition à la signification particulière cette année.
Il est des années plus particulières que d'autres...
Traditionnellement, depuis la parution du livre en 2014, les enfants d'Oradour-sur-Glane se voit remettre « Avant que ma voix ne s'éteigne », de Robert Hebras, alors qu'ils s’apprêtent à quitter le CM2. On leur donne aussi celui d'Albert Valade, "Oradour la renaissance". En présence des deux hommes, jusqu'à l'an dernier tout du moins, Albert Valade étant désormais décédé.
Mais, Coronavirus et confinement obligent, c'est en ce début d'année scolaire, alors qu'ils viennent d'arriver au collège, qu'un peu plus d'une trentaine de jeunes Radounaux vont le recevoir, en ce samedi 5 septembre, à 10h00.
Pourtant, cette cérémonie va revêtir en cette fin d'été une signification toute particulière.
En effet, le 21 août dernier, de nauséabondes inscriptions à caractère négationniste étaient découvertes sur la façade du Centre de la Mémoire, à l'entrée du village martyr où, le 10 juin 1944, 642 hommes, femmes et enfants avaient été massacrés par des hommes de la division SS Das Reich.
Un acte qui avait été quasi unanimement condamné par la classe politique, mais qui avait surtout profondément meurtri le village, ses habitants, et bien sur Robert Hebras, dernier survivant du massacre.
« Après cet acte odieux, cette cérémonie est plus que jamais nécessaire », nous a confié Philippe Lacroix, le maire d'Oradour-sur-Glane.
« Robert, malgré son âge, sa fatigue et sa peine de cette nouvelle igniminie, sera présent, ainsi que la veuve d'Albert Valade, puisque nous remettons aussi le livre de ce dernier aux enfants, « Oradour la Renaissance ». C'est très symbolique d'ailleurs. Il y a l'histoire du massacre par l'un de ses témoins, Robert, et l'histoire de la renaissance, par l'un de ses artisans, Albert. En plus, nous ferons cela salle Robert Lapuelle, un autre artisan de cette renaissance. » .
Si cette remise de livres est destinées aux jeunes Radounaux, Philippe Lacroix estime que le souvenir et le devoir de mémoire s'imposent à tous.
« Bien sûr, on ne peut pas distribuer ces ouvrages à tous les élèves français. Et vous savez, je vois beaucoup de groupes de jeunes qui viennent à Oradour et qui connaissent notre histoire.
Mais il faudra sans cesse la rappeler. Il y a bien les cours sur la Seconde Guerre Mondiale, les manuels d'histoire, mais avec les réseaux sociaux, les informations parfois déformées, il est très important de perpétuer et de transmettre sans relâche !
C'est d'autant plus important qu'il y a l'histoire passée, mais il y a aussi l'avenir. Cela a toujours été le message de Robert. Se souvenir d'Oradour et de ses martyrs, mais œuvrer aussi pour la réconciliation et l'amitié entre les peuples. ».