En pleine épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO), la Creuse connaît des difficultés d'approvisionnement en vaccins. La FDSEA et les Jeunes agriculteurs accusent l'État d'une mauvaise gestion des stocks. Ils alertent : si les animaux ne sont pas vaccinés rapidement, les exportations seront menacées.
Les éleveurs creusois débutent l'année sous la menace de la fièvre catarrhale. La maladie ne cesse de gagner du terrain avec une centaine de nouveaux cas chaque semaine, mais les vaccins présentés comme la réponse miracle se tarissent.
Dans ce contexte, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de la Creuse et les Jeunes Agriculteurs tirent la sonnette d'alarme pour inciter l'état et les services vétérinaires à réagir rapidement. Mercredi 22 janvier, ils ont rencontré les représentants de l’État à la Préfecture de la Creuse. Contactés, les services de la préfecture n'ont pas encore donné suite à nos sollicitations.
"Nous sommes touchés par plusieurs maladies vectorielles, rappelle Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse. Depuis le début de cette situation de crise, la FDSEA et les JA prônent le recours à la vaccination des troupeaux. Les éleveurs sont prêts psychologiquement à vacciner les cheptels. En ce moment, les animaux sont dans les bâtiments, c'est plus facile."
En Creuse, il y a d'abord une pénurie des vaccins gratuits pour les sérotypes 4 et 8 "car l'État et les laboratoires n'ont pas anticipé les demandes", martèle Christian Arvis.
Des vaccinations pourtant obligatoires pour les bêtes à l'export.
Aujourd'hui, nos éleveurs craignent de perdre des marchés à l'export s'ils ne sont plus en capacité de proposer des broutards vaccinés.
Christian ArvisPrésident de la Fdsea de la Creuse
L'autre facteur aggravant : la pénurie, depuis le 15 janvier, de vaccins gratuits pour le sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine et la maladie hémorragique épizootique (MHE).
Une situation qui risque de dégénérer dans les prés, car dans les zones les plus herbagées, les animaux retrouveront le plein air d'ici à un mois. "À ce moment, la vaccination ne servira plus à rien. Entre la première dose et la deuxième, les animaux seront sortis avant même d'être immunisés. En extérieur, la contamination et la propagation se feront donc plus vite." Les éleveurs creusois se disent très inquiets.
Premiers échanges décevants
Face à cette urgence sanitaire, les deux syndicats agricoles creusois interpellent alors les services de l'État en Creuse pour déclencher une réaction du ministère de l'Agriculture. Mais, ils sont ressortis déçus de ces premiers échanges et ils accusent leurs interlocuteurs de botter en touche.
Pour l'administration, s’il n'y a plus de vaccins gratuits, il existe des alternatives payantes avec d'autres laboratoires. Mais le souci, c'est que personne ne peut nous donner les délais de disponibilité de ces vaccins.
Christian ArvisPrésident de la FDSEA de la Creuse
Cette situation serait commune à plusieurs départements. Si aucune réponse jugée efficace n'est apportée rapidement, Christian Alvis n'exclut pas une nouvelle action nationale.
Dans son bilan hebdomadaire publié le 16 janvier 2025, le ministère de l’Agriculture recense 9 465 cas de FCO de sérotype 3. Le virus est désormais dans 63 départements dont la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne.
Pour limiter la propagation de la maladie, les services de l’État ont mis en place une zone régulée. À ce jour, elle concerne les treize régions métropolitaines : Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Île-de-France, Grand Est, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Corse.