Le pouvoir de Bachar al-Assad s'est effondré en Syrie, ce 8 décembre, face à l'offensive des groupes rebelles. Cela met fin à cinq décennies de règne sans partage de la famille Assad. Un soulagement pour beaucoup de Syriens. Installées en Limousin depuis une décennie après avoir fui le régime et la guerre, deux familles de réfugiés témoignent.
"C'est la première fois que ma mère me parle sans avoir peur. Aujourd'hui, je peux enfin aller en Syrie pour la voir" : voilà plus de dix ans qu'Ali Hamra n'a pas vu sa maman. Menacé pour son travail de journaliste, il a dû quitter son pays avec sa femme et ses enfants. Ils ont ensuite trouvé refuge à Limoges.
La chute du président syrien est une nouvelle incroyable pour ces Limougeauds d'adoption : la famille s'autorise enfin à imaginer retrouver un jour en Syrie. "La première chose que je vais faire, c'est rendre visite à mes sœurs. Je ne les ai pas vues depuis quatorze ans" : Amina Hamra se souvient de leur vie laissée en suspens : "l'appartement qu'on a construit avec Ali, où les enfants ont grandi... On a tout laissé là-bas, et ça nous manque beaucoup".
Beaucoup d'espoir après plus d'une décennie de souffrance, comme l'explique Ali : "j'ai perdu mon père il y a quelques mois et je n'ai même pas pu aller à son enterrement. C'est très lourd, cela a été des années très lourdes, et pas que pour moi ; tous les Syriens ont souffert".
Et malgré la présence de djihadistes dans les rangs des rebelles du HTS qui ont libéré la Syrie, Ali est confiant quant à la reconstruction de son pays : "la majorité sont des enfants qui se sont exilés au nord de la Syrie et qui ont pris le relais pour revenir chez eux. Aujourd'hui, les Syriens ont l'espoir de revenir et de reconstruire leur pays. Et en tant que Syriens, on est capables d'organiser notre pays comme on le souhaite : un pays moderne, un État de droit".
Caricaturiste de métier, Ali espère pouvoir travailler à nouveau dans son pays : "tout dépend du futur et des circonstances, mais peut-être que j'essaierai de redémarrer mon métier".
Nous avons peur des rebelles qui viennent de prendre le pouvoir, car ils menacent de nous exterminer.
Mohamed IssaRéfugié kurde-syrien
À Guéret, la famille Issa a, elle aussi, trouvé refuge en France. Soulagés par la fin du régime, ces Kurdes-Syriens craignent néanmoins toujours pour la situation de leur peuple. "Nous sommes contents que le régime soit tombé", indique Mohamed Issa, "mais nous avons peur des rebelles qui viennent de prendre le pouvoir, car ils jurent sur les réseaux sociaux qu'ils veulent nous exterminer".
Le quotidien des Kurdes est extrêmement difficile sur place, comme l'explique sa femme Kamari : "il n'y a rien à manger, ils n'ont plus de maisons, tout le monde est dehors alors qu'il fait froid. Ils ne peuvent rien faire".
Marquée par des décennies de dictature et d’oppression, la Syrie est aujourd’hui libérée ; mais l’avenir est incertain et tout reste à reconstruire.