Il n'y aura plus de corridas avec mise à mort de taureaux à Vieux-Boucau, l'un des fiefs de la tauromachie espagnole dans les Landes. Une décision municipale dure à accepter pour le club taurin local, qui avait réussi à relancer cette tradition ces dernières années.
Assis dans les gradins des arènes vides de Vieux-Boucau, Gilles Duchon lance une vidéo sur son téléphone. On y voit Sébastien Castella, le plus grand matador français, manier sa muleta rouge à côté d'un taureau. "Quand je pense qu'on avait réussi à le faire venir ici, dans notre petite arène, pendant deux années... Je suis nostalgique", commente le président de La Mariposa, la peña qui organise les manifestations taurines dans la commune du sud des Landes.
"Plus digne du monde de maintenant"
Ce temps-là semble bel et bien révolu à Vieux-Boucau. La municipalité vient de décider l'arrêt des corridas. Il n'y aura plus de taureaux morts dans cet endroit qui a connu de grands moments depuis les années 60. "La majorité des élus jugent que cela n'est plus digne d'un spectacle du monde de maintenant. Cette mise à mort n'est pas justifiée par une tradition, puisqu'il y a eu de longues années d'interruption depuis la création des arènes", indique le maire Pierre Froustey.
En France, la pratique est interdite à l'exception de plusieurs territoires où "une tradition locale ininterrompue peut être invoquée", précise la loi. C'est le cas dans les Landes, au Pays basque, en Catalogne mais aussi dans le Languedoc.
Vieux-Boucau a un important passé taurin. La première novillada s'est déroulée ici, le 15 août 1969. J'avais six ans et j'étais ici, dans ces gradins.
Gilles DuchonPrésident du club taurin de la commune
Pour les aficionados de tauromachie, cette décision est incompréhensible. "On était à cent lieues d'imaginer ça. On l'a très mal pris, on se sent trahis. Leurs motifs sont totalement irrecevables. Donc, oui, je suis très déçu et en colère", réagit Gilles Duchon. D'autant que, depuis deux ans et après deux décennies d'arrêt, La Mariposa avait relancé les corridas à Vieux-Boucau avec l'accord de la mairie. Celle-ci explique aujourd'hui avoir soutenu ces événements de manière exceptionnelle, pour célébrer les 20 ans de la peña.
"Des souvenirs immenses"
Ces deux dernières temporadas, en 2023 et 2024, font la fierté du président. "Il y avait un cartel magnifique, digne des plus grandes ferias : Sébastien Castella, Fernando Adriàn qui venait d'ouvrir la grande porte de Madrid et le torero local Clemente. Les gens se frottaient les yeux en regardant l'affiche et se demandaient si c'était bien vrai. Ce sont des souvenirs immenses", assure celui qui espérait renouveler l'expérience en 2025, jusqu'à ce que la décision municipale tombe.
Il y a quelques jours, la commune de La Brède en Gironde annonçait, elle aussi, la suspension temporaire de sa corrida annuelle organisée depuis 1997. Mais, cette fois, la municipalité dit vouloir repenser son modèle économique, sans pour autant remettre en question les traditions ou le bien-être animal.
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35 000 visiteurs par an
À Vieux-Boucau, la commune ne souhaite pas pour autant arrêter tous les spectacles taurins. Les courses landaises, par exemple, sont maintenues. Chaque année, plus de 35 000 visiteurs se pressent dans les arènes Joseph-Laudouat, ouvertes de début juin à fin septembre. "Il y a d’autres événements organisés autour de la tauromachie espagnole mais sans mise à mort, comme le recorte. Ils nous sont agréables et le sont aussi pour les vacanciers", insiste le maire Pierre Froustey.