La préfecture des Landes a ordonné l'évacuation des opposants au projet de ligne à très haute tension qui occupent une zone boisée près d'Hossegor. Ceux que l'on appelle "les écureuils" sont perchés depuis le 4 janvier dans les arbres de cette forêt où doivent être enterrés des câbles électriques reliant la France et l'Espagne.
Les "écureuils" de la forêt de Soorts-Hossegor, dans les Landes, sont en train d'être délogés par les forces de l'ordre. Depuis le 4 janvier, cinq de ces militants écologistes occupaient cette zone boisée qui cristallise les tensions.
Installés dans les arbres, ils s'opposent au projet de construction de ligne très haute tension (THT) de 400 000 volts reliant la France et l'Espagne, qu'ils jugent dévastatrice pour l'environnement. Plusieurs câbles électriques doivent être en partie enfouis sous leurs pieds.
Tous les accès bouclés
Tous les accès à la forêt communale ont été bouclés, tôt dans la matinée. Dès le début du mois, la préfecture des Landes avait réclamé l'évacuation immédiate de la parcelle. Elle a durci le ton avec un arrêté officiel, ce jeudi 16 janvier. "Je dis depuis plusieurs jours qu'il faut mettre un terme à cette occupation illégale pour permettre aux travaux de se poursuivre. Je regrette que ces appels n'aient pas été entendus", a réagi Françoise Tahéri, lors de sa venue sur le site, à la mi-journée.
Il n'a jamais été question de coupe d'arbres ou de défricher ce site. Il y aura simplement des opérations d'élagage, si nécessaire.
Françoise TahériPréfète des Landes
Une trentaine de gendarmes a été déployée sur place, épaulée par une unité spécialisée dans le dégagement des obstacles complexes. Ces derniers ont tronçonné la plateforme construite par les manifestants, située en hauteur entre les troncs. Quatre des cinq occupants sont descendus, un dernier est toujours accroché à un pin par des cordages. Il refuse de descendre.
"Je suis écœurée"
"La démocratie est plus que critique. Cela fait quinze jours que l'on a déposé un moratoire et la seule réponse que l'on a est la répression", réagit une manifestante, témoin de la scène. "Je suis écœurée de voir ce qu'il se passe. S'avancer de la plateforme où sont suspendues deux personnes avec un flash-ball... Je ne vois pas où est le danger", affirme-t-elle.
On est deux, en haut sur une plateforme, pour défendre la nature et on nous envoie des pelotons d'intervention armés. Il y a des risques pris pour faire descendre les grimpeurs.
LionManifestant contre la ligne THT
"Cette plateforme, montée avec amour et avec tous ces enfants qui ont grimpé dessus pour découvrir les arbres, est cassée en mille morceaux au sol", regrette amèrement Lion, l'un des écureuils. Il dénonce la poursuite des travaux, alors que toutes les voies de recours déposées par les opposants n'ont pas été examinées. "La justice a besoin de temps pour juger dans le fond. On est là pour ralentir les travaux et lui permettre d'avoir ce temps", ajoute-t-il.
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Un tracé alternatif
Ces cinq "écureuils" ont rejoint la lutte du collectif "Stop THT 40" pour donner de la visibilité au combat des locaux. Ce sont les mêmes qui occupaient les arbres entre Castres et Toulouse, contre le projet d'autoroute A69, ou encore la ZAD de Notre-Dame des Landes en 2010 pour certains d'entre eux. Les opposants plaident pour un tracé alternatif, qui se rapprocherait de l'autoroute A63 et éviterait les zones habitées ou naturelles.
Malgré les oppositions, les travaux réalisés par le Réseau de transport d'électricité (RTE) ont débuté en novembre 2023 à Seignosse, Hossegor et Capbreton. Ils doivent s'étaler jusqu'en 2027. Le projet de la ligne THT prévoit une portion sous-marine de 300 km à travers le golfe de Gascogne. Elle devrait ensuite bifurquer dans les terres landaises, notamment sur ces trois communes voisines pour contourner le gouf de Capbreton, avant de rejoindre le nord de Bordeaux.
La préfète des Landes a rappelé que toute personne "qui viendrait entraver la bonne réalisation des travaux" est passible d'une astreinte de 1000 euros par jour. "Les travaux se poursuivront dans un cadre légal tenant compte du caractère d’intérêt public majeur de ce chantier, qui contribue à la sécurité et à la transition énergétiques", insiste-t-elle.