27 élevages de volailles sont contaminés par la grippe aviaire dans les Landes. La propagation du virus est fulgurante. Le ministre de l'agriculture Julien Denormandie réunit ce vendredi tous les acteurs de la filière à Mont-de-Marsan.
"Aujourd'hui tous les pays d'Europe sont touchés dans des proportions énormissimes" s'alarme Marie-Pierre Pé, la directrice du comité interprofessionnel des acteurs du foie gras. 400 foyers ont en effet été détectés à ce jour dans 29 pays européens.
La France n'est, une nouvelle fois, pas épargnée.
Les Landes, département le plus touché
Le H5N1 a fait son apparition dans l'hexagone fin novembre, dans le Nord. Aujourd'hui il touche une soixantaine d'élevages dont 33 dans les Landes et 7 dans les Pyrénées-Atlantiques.
Le ministre de l'agriculture Julien Denormandie juge la situation "très préoccupante car le virus se propage très rapidement".
Les mesures de biosécurité sont-elles vraiment efficaces ?
"Nous avons fait d'énormes progrès depuis 5 ans, nous avons appliqué à la lettre toutes les mesures de la feuille de route et pour autant le virus continue de se propager" souligne Marie-Pierre Pé.
Les éleveurs ont en effet massivement investi dans des installations conformes aux normes imposées. Ils ont mis à l'abri leurs animaux quand la situation l'exigeait, baissé la densité de leurs élevages et renforcé les mesures de biosécurité.
Le Modef, mouvement de défense des exploitants familiaux, s'interroge sur l'efficacité de ces dispositifs qui les a obligé à confiner leurs bêtes.
Ses adhérents sont à la tête de petites exploitations, pour la plupart exclusivement en plein air.
"Tous les éleveurs ont respecté la mise à l’abri des animaux. Le plein-air ne peut plus être désigné coupable de la diffusion du virus que nous subissons !"
argumentent-ils. "Le système ne tire aucune leçon des expériences passées et poursuit sa fuite en avant".
Ces petits exploitants pointent du doigt le modèle industriel, "ses concentrations de volumes et sa segmentation de la filière qui engendre des flux de transports et de personnes trop nombreux."
Et réclament un retour à la vaccination.
Le vaccin, une solution face aux futures crises ?
"Nous souhaitons pouvoir vacciner nos animaux pour les protéger de ce virus comme cela se fait dans certains pays comme la Chine" approuve la directrice de l'interprofession.
Le ministre de l'agriculture a été interpellé sur le sujet. Il a assuré que deux vaccins seraient testés prochainement.
"Il faut agir avec méthode. Aujourd'hui il n'y a pas de vaccin homologué. Nous allons lancer des expérimentations. Je pense que le vaccin à terme doit être une des armes dont on doit se doter pour lutter contre la grippe aviaire".
Julien Denormandie - Ministre de l'Agriculture
Le ministre devra cependant d'abord régler le problème de l'exportation.
"Nous ne pouvons pas aujourd'hui exporter des animaux vaccinés, le droit européen nous l'interdit. Il faut que les règles changent" explique Marie-Pierre Pé qui souhaite que la France profite d'être à la présidence de l'UE pour faire avancer le dossier. Julien Denormanderie a assuré qu'il "pousserait" en ce sens.
Pour l'heure, dans les Landes, plus de 155 000 volailles, des canards pour la plupart, ont été abattues.
La consigne est d'abattre les bêtes situées à moins de 3 kilomètres d'un foyer d'influenza aviaire. Une plate-forme d'abattage spéciale est en cours d'installation à Hagetmau pour recevoir ces volailles non contaminées.
Les positives au H5N1 doivent, elles, être abattues sur place, pour éviter tout transport du virus.