Le secteur du batiment est lui aussi touché de plein fouet par la crise économique. Dans les Landes, les artisans ont subi une baisse brutale de l’activité dès la fin de l’année 2024 et craignent que la situation se pérennise.
Sur les chantiers, les meuleuses et autres marteaux-piqueurs continuent à produire leurs musiques caractéristiques. Pourtant, leur brouhaha se fait de plus en plus rare, dans les Landes comme dans tous les départements de France. En ce début de l’année 2025, les carnets de commandes sont de moins en moins remplis.
Arrêt brutal des commandes
Bernard Guasch a monté son entreprise en 2017. Avec des contrats sur tout le territoire des Landes, le maçon ne pensait pas un jour être confronté à la crise économique. Pourtant, depuis la mi-novembre, le téléphone reste muet.
Avant, on avait environ cinq à six rendez-vous par semaine. Là, c’est un arrêt brutal.
Bernard Guasch,dirigeant de Guasch Père et Fils
"Je ne m’y attendais pas. Je ne pensais pas que ça nous toucherait aussi", confie le patron.
Aujourd’hui, son entreprise emploie six salariés et un apprenti. Tous travaillent sur les commandes passées en 2024. Mais bientôt, les chantiers vont se faire rares. “On a peur de devoir se séparer de nos salariés. Cette question va se poser quand le matin, on se demandera où placer nos équipes”, appréhende Bernard Guasch.
Cette crise, le maçon est loin d’être le seul à la subir dans le département. Avec seulement 3000 logements prévus pour 2025, les chantiers de logements neufs dans le département ont baissé de moitié entre 2022 et 2024.
Pour les particuliers, la construction de logements a diminué de 30% en un an. “C’est une situation que les artisans supportent mal. Ce sont des gens courageux et vaillants qui n’aiment pas parler de leurs difficultés, explique Didier Massy, le président de la fédération française du bâtiment (FFB) dans les Landes. On sent bien, quand on voit le nombre de dossiers au tribunal de commerce et le nombre de dépôts de bilans, que la situation est difficile.”
Incertitudes et attentisme
Déjà en difficulté par les hausses successives des coûts de l’énergie et des matières premières, le secteur du bâtiment n’est pas épargné par l’instabilité politique. “Il y a des incertitudes du côté du gouvernement avec une loi de finance qui a été mise en berne suite au vote de la censure”, explique Didier Massy.
Il y a un attentisme de nos clients, face aux décisions gouvernementales qui est devenu un véritable problème.
Didier MassyPrésident de la Fédération française du bâtiment dans les Landes
Maintien de la loi Pinel ou encore des prêts à taux zéros, ces mesures incitatives pour le neuf sont pour l’heure suspendues. Le pendant rénovation, secteur habituellement compensateur des pertes, est, lui aussi, à l’arrêt. “Nous attendons aussi les directives sur MaPrimeRénov’. C’est un élément clé pour de nombreux clients qui n’ont pas les moyens, sans elle, de rénover leur maison. Mais elle aussi était bloquée en fin d’année dernière et nous n’avons pas de nouvelles pour l’instant”, regrette le président de la FFB dans les Landes.
Apprentissage remis en question
À ces incertitudes de commandes, s’ajoutent, pour ces entreprises, celles autour de l’apprentissage. “Nous avons prouvé que nous étions capables de relancer l’apprentissage des métiers manuels, avec des évolutions dans nos métiers, des rémunérations à la hausse, indique Didier Massy. Sauf que les aides pourraient baisser de façon importante.”
Ces aides à l’apprentissage sont reversées aux entreprises qui emploient ces profils et allègent ainsi les charges. Un compromis qui avait permis à la filière de faire entrer des centaines de jeunes dans les métiers du bâtiment.
Face à la crise, le secteur pourrait paraître moins attractif. Selon la fédération, 30 000 emplois ont déjà été supprimés. “Au rythme où l’on va, et sans changement, ce sera bientôt 100 000”, alerte le président de la fédération qui espère l’annonce de nouvelles mesures par le gouvernement.