On les compte sur les doigts d’une main. Nathalie Lengelé est l’une des dernières à créer des crayons de couleur en France. Un savoir-faire unique qu’elle exploite dans son petit atelier landais.
C’est un petit atelier haut en couleur niché, dans un petit village à quelques kilomètres de Dax. C’est ici, à Lesperon, que Nathalie Lenguelé exerce un métier rare. Elle est, dit-elle, factrice de crayons. Des objets qu’elle conçoit à partir de branches d’arbres. Ils ne seraient plus que trois dans le pays à exercer cet métier.
Penchée sur sa table, on la croit en train de dessiner. Pas du tout. Elle teste ses crayons tout juste fabriqués. Du rouge, du vert, du jaune ou du violet. Toute une palette qui donne bonne mine à Nathalie depuis qu’elle s’adonne à sa passion.
Pour elle, elle a tout quitté. Une reconversion commencée il y a plus de dix ans après une carrière dans la fonction publique. "J’ai fait une saison dans le tourisme en Auvergne et j’ai rencontré un facteur de crayons tout simplement. Comme j’aime beaucoup dessiner, que j’aime les objets de papeterie, je me suis dit que c’était un super projet !" L’artisan a accepté de lui transmettre son savoir-faire à la condition que Nathalie ne s’installe pas dans le Massif central.
Le début de l’aventure
Elle trouve alors refuge à l'autre bout du pays, en terre gasconne. Chaque crayon est conçu un par un, à base de bois d’osier. Des jeunes pousses de saule, qui voient le jour au printemps, au bord de l’eau, quand les températures augmentent.
Un matériau qu’elle se procure à Langon dans le sud de la Gironde. Le bois n’est pas choisi au hasard. "Ce qui est génial, c’est que des gens cultivent l’osier spécifiquement pour les branches. Ils font en sorte qu’elles poussent à-peu-près droit ! Et c’est plutôt pas mal pour un crayon !
On peut ainsi mettre suffisamment de matière à l’intérieur afin que ce soit un outil de travail et pas uniquement un objet de déco.
Nathalie LengueléFactrice de crayons
C‘est l’un des secrets pour transformer des branches en crayon. Sans oublier la moelle de l’osier, facile à travailler, avant d’introduire la mine de couleurs.
"Dans une branche, je fais entre trois et six crayons et parfois huit", dit-elle alors qu’elle est concentrée sur sa machine à découper. Nathalie utilise le pied de la plante. Une partie assez large, idéale, pour fabriquer ses crayons.
Chaque jour, 150 à 200 crayons de couleur sont produits dans son atelier. Tous sont uniques. Au cœur de l’objet, la mine, conçue à partir de produits naturels. Sa couleur dépend des pigments qu’elle contient. Un gage de qualité selon l’artisane.
"On va avoir des pigments plutôt issus du minéral pour qu’ils aient une bonne tenue à la lumière. C’est ce qui garantit une résistance aux UV quand on va exposer son œuvre. On utilise de l’argile, pour que la mine ait une bonne tenue, qu’elle soit solide".
Des crayons uniques
Nathalie produit plus de 10 000 crayons de couleur chaque année. Une passion devenue un métier qui la fait vivre. Ses crayons fabriqués dans les Landes sont aujourd’hui commercialisés en France, en Belgique et en Suisse. Des crayons que Nathalie souhaite bruts sans fioritures, "pour que les gens aient l’impression que tous les matins, je vais me promener dans la forêt, munie de mon sécateur, que je coupe des branches.
Parfois le bois est grignoté par de petits vers. Ce n’est pas grave, Il faut que les gens puissent avoir la sensation de dessiner avec un brin de nature !".
Une histoire que la factrice de crayons des Landes aime raconter et qu’elle n’a pas fini d’écrire.