"Vous signez ou alors c’est le licenciement" : déjà précaires, les AESH ont vu leurs heures diminuer, elles réclament un nouveau statut

Les AESH sont plus de 130 000 en France et représentent plus de 10% des effectifs de l'Éducation nationale, sans être fonctionnaires. Dans les Landes ou en Dordogne, le volume horaire de leur contrat de travail vient d'être réduit pour des raisons budgétaires. En réaction, elles réclament un nouveau statut, plus cohérent avec leur mission.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Elles s'appellent entre elles "les invisibles". Elles, car ce sont essentiellement des femmes qui occupent la fonction d'accompagnante d'enfants en situation de handicap (AESH) en milieu scolaire. Des contrats souvent précaires, à temps partiel, dotés de tout petits salaires. "On est sous-payées, pas estimées, mais on a en face de nous des enfants qui ont besoin, alors, on fait quand même", explique Karen Ramirez, AESH au collège Les Châtenades de Mussidan, en Dordogne.

Laurence El-Tabti, AESH au collège Les Châtenades de Mussidan. © France 3 Aquitaine

Ce manque de reconnaissance est unanimement partagé par les collègues de Karen, tout comme le dévouement aux enfants qui leur sont confiés. "J'adore ce que je fais, mais on a l'impression qu'on a un petit métier. On ne se rend pas compte du temps qu'on passe, en dehors de l'accompagnement des élèves, à discuter des cas avec les professeurs pour voir comment on peut au mieux les aider", détaille Laurence El-Tabti, AESH dans le même établissement.

Moins d'heures pour les AESH

Nadine Saint-Aubin exerce, elle, dans une école primaire des Landes. En CDI à temps partiel depuis 2015, elle a reçu au moment des vacances de Noël un courrier de l’Inspection académique qu'elle n'a toujours pas digéré. " La quotité de service précédemment de 70% est fixée à 60% à compter du 1ᵉʳ février 2025. Ben voyons !", s'exclame-t-elle en relisant ce courrier.

Nadine Saint-Aubin, AESH dans les Landes, révoltée par ce courrier lui annonçant la réduction de son temps de travail, et donc de son salaire © France 3 Aquitaine

Comme neuf autres accompagnants d’élèves en situation de handicap du département, elle va devoir réduire son temps de travail à moins de 24 heures par semaine, et donc subir une baisse d’environ 140 euros de son salaire, qui atteignait 1200 euros jusque-là. "Ça représente une somme ! Et en plus, ce qui m’a surtout un peu révoltée, enfin écœurée, c’est quand on m’a dit : mais vous n’avez pas le choix. Soit vous signez l’avenant ou alors c’est le licenciement", dénonce Nadine.

Un statut de fonctionnaire revendiqué

Au-delà de sa propre situation, et des restrictions que va lui imposer cette diminution de salaire, ce que déplore Nadine, comme la plupart des AESH, c'est le manque de considération accordé par l'Éducation nationale à ces élèves en difficulté. "Ils ont besoin de nous", alarme-t-elle.

Régulièrement dénoncée, la situation des AESH n'est pas nouvelle. Ce jeudi 16 janvier, une journée nationale de mobilisation était organisée à l'appel des syndicats Sud, CGT et FSU, pour réclamer une revalorisation des salaires, un meilleur accès aux formations et surtout, la création d’un statut de fonctionnaire pour ce métier essentiel dans l'école inclusive voulue par le ministère de l'Éducation nationale. "L'école inclusive vise à assurer une scolarisation de qualité pour tous les élèves de la maternelle au lycée par la prise en compte de leurs singularités et de leurs besoins éducatifs et pédagogiques particuliers", détaille le ministère.

Manque de moyens pour l'école inclusive

"J’ai l’impression de faire du zapping parce qu’en fait, on passe d’un élève à un autre", explique une AESH, parmi les manifestants rassemblés devant les services départementaux de l’Éducation Nationale à Mont-de-Marsan.

En général, les AESH accompagnent chaque semaine plusieurs enfants, dans plusieurs établissements scolaires. En leur absence, l'enseignant doit faire des choix, par défaut. "Pendant les ateliers par exemple, je prends l'élève à côté de moi, je le fais travailler. Si je ne suis pas là, l'enseignante va devoir s'occuper de lui et pendant ce temps, elle ne peut pas s'occuper des autres", explique Nadine.

Les AESH doivent régulièrement jongler entre plusieurs élèves et plusieurs établissements. © France 3 Aquitaine

Professeure de sciences à Mont-de-Marsan, Myriam Guebara est régulièrement confrontée à ces situations où elle ne peut pas tenir compte des difficultés de chacun, comme le préconise pourtant son ministère de tutelle. "L'autre jour une évaluation était prévue et finalement l’AESH n’était pas disponible parce qu’elle avait d’autres obligations avec d’autres élèves. Donc mes élèves qui auraient eu besoin de son accompagnement n’ont pas réussi à me rendre quoi que ce soit", déplore-t-elle.

De nombreux enseignants étaient mobilisés auprès des AESH ce 16 janvier. Des manifestations le plus souvent organisées sur le temps de la pause méridienne, parce qu'une journée de grève, c’est souvent un trop gros sacrifice pour de si petits salaires.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information