Les éleveurs aquitains et leurs bêtes marchent sur Paris

Ils sont plusieurs centaines à avoir fait le voyage pour faire entendre leurs difficultés et partager leur expérience avec les Parisiens. Dans leur viseur, les charges qui augmentent, les contraintes qui s'empilent et, surtout, les prix bloqués et les revenus qui fondent.

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" Prix du lait : la grande distribution nous trait ". Un panneau accroché sur l'un des tracteurs qui ouvrent le cortège annonce la couleur. Derrière, ils sont 11.000 manifestants selon les organisateurs , 6200 selon la police, au moins escortés de près de 700 animaux. Ils défilent à l'appel de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA, majoritaire) et des Jeunes agriculteurs (JA). 
Au-dessus des têtes, les pancartes rappellent leur lassitude voire leur découragement : " Avant j'avais un revenu. Mais c'était avant ". " Un élevage qui ferme, c'est 7 emplois en moins " ou " Sans agriculture, pas de nourriture ".
Derrière les tracteurs, les vaches avancent avec leur veau parfois, des Montbéliardes, des Tarentaises , des Charolaises blanches et des Blondes d'Aquitaine, des Salers bouclées et des Aubrac roux clair, des Normandes pie et des chevaux aussi, des Comtois alezans à la crinière blonde.


" Un effort immédiat sur les prix est impératif "






Pour nourrir leurs animaux, les éleveurs sont soumis aux cours fluctuants des céréales et autres grandes  cultures. " Nous sommes confrontés à la logique de marchés dont les prix sont fixés à Chicago ou ailleurs et qui font du yoyo depuis 2007, du plus haut au plus bas", résume le président de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Xavier Beulin.  " Mais personne dans ce pays ne supporte l'augmentation des prix des aliments ", ajoute-t-il en visant surtout les grandes enseignes.

La FNSEA a fait ses comptes : répercuter sur le prix en rayon 30 euros de charges supplémentaires sur 1.000 litres de lait se traduirait par un surcoût de 2 centimes par brique ou 1,3 centime sur 4 yaourts.
La situation est au moins aussi difficile pour le cochon. Or, revaloriser sa viande de 25 centimes par kilo de carcasse acheté à l'éleveur coûterait au consommateur 7 centimes sur une côte de porc.
" La renégociation des prix n'est jamais au niveau", estime Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA: " On a obtenu au mieux 12% alors qu'en un an le prix des protéines a pratiquement doublé ".



" S'installer pour un jeune: mission impossible "


" Le risque principal prévient-il, c'est l'abandon des élevages et la revégétalisation des campagnes " au profit des grandes cultures plus rémunératrices.
Une menace bien réelle confirme le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, qui juge le  " processus extrêmement dangereux ". M. Le Foll qui s'affirme " très mobilisé " sur le sujet entend d'ailleurs profiter de la négociation de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour l'après-2014, défendant " un rééquilibrage " des aides au profit de l'élevage.

Pour les JA, insiste son président François Thabuis, " le premier défi c'est le renouvellement des générations. Car s'installer aujourd'hui pour un jeune, c'est quasiment +mission impossible+ ". Or, la moitié des éleveurs bovins ont déjà plus de 50 ans.
" Et nos partenaires en aval sont eux aussi dans une situation extrêmement difficile ", reprend Xavier Beulin, citant les activités d'abattage, de découpe ou de transformation.

La révision de la loi de consommation, la LME qui régit les relations entre producteurs et distributeurs, leur apporte quelque espoir en prévoyant " une clause de renégociation ". Reste à voir qui en prendra l'initiative.

Les éleveurs demandent aussi qu'on allège les contraintes administratives trop pesantes et que cesse " toute surenchère réglementaire et fiscale " notamment en matière d'environnement.

D'autant que les intempéries les ont souvent obligé cette saison à rentrer les bêtes quand les pâtures étaient inondées et que les foins n'ont pu être coupés. Ce qui alourdira d'autant leurs factures en fourrages.

 

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