Début février, dans un courrier interne, Adrien Pedrazzi, restaurateur et représentant de la profession dans le Lot-et-Garonne, s'interrogeait sur de potentiels conflits d'intérêts de Thierry Marx. Le président confédéral de l'Umih étant également partenaire d'enseignes de grande distribution. Face à la réaction publique et virulente de celui-ci, Pedrazzi se défend de toute "fronde" mais demande maintenant des explications.
"Pedrazzi, je vais me le faire." Ces mots, prononcés par Thierry Marx, président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), ont fait bondir le principal intéressé. Adrien Pedrazzi, président de l'Umih du Lot-et-Garonne, est accusé par son président d'avoir voulu "foutre le bordel" au sein de l'organisation patronale. De son côté, le Lot-et-Garonnais se défend de toute volonté de fronde contre son patron, et réclame des explications.
En cause, un courrier envoyé début février, qui a mis le feu aux poudres du côté du président national. Dans cette lettre, Pedrazzi met par écrit des questions qu'il avait adressées oralement quelques jours auparavant lors d'un webinaire entre présidents départementaux, concernant de potentiels conflits d'intérêts de Marx, présent sur des publicités d'enseignes comme Lidl ou Picard. "Notre profession souffre, et ça me dérangeait personnellement, pour avoir eu plusieurs remontées de mes adhérents, que notre président confédéral fasse la promotion de la grande distribution et d'industriels", développe le président de l'Umih 47.
Des "dossiers" pour faire "exploser" l'Umih
Ce courrier, adressé en interne à tous les présidents départementaux et aux membres du directoire de l'Umih, a provoqué une réponse publique assez virulente de Thierry Marx, dimanche sur le média en ligne Bouillantes. Dans ce podcast d'une dizaine de minutes, le chef étoilé se justifie d'abord sur la question de ses partenariats. "Oui, j’ai une entreprise à côté, je vis de mon entreprise, mais en aucun cas ça ne gêne le fonctionnement de l’Umih."
Aucun de mes contrats, aucun, ne m'empêche d’intervenir pour l’Umih, ou de défendre les intérêts de mes adhérents.
Thierry MarxPrésident confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie
Mais rapidement, l'ancien juré de l'émission Top Chef se met à attaquer directement Adrien Pedrazzi et plus largement, l'organisation patronale dont il est le président. "Pedrazzi, je vais me le faire. (...) J’ai suffisamment de dossiers sur l’Umih pour faire exploser tout ça tranquillement, assène notamment Marx. Parce que les commissions, les sous-commissions, les trucs (sic) qu’ils peuvent toucher, tout ça, j’ai des noms et j’ai des chiffres. Donc si ce mec veut foutre le bordel, je vais foutre le bordel."
Ils ont tous touché du pognon. Quand je suis arrivé à l’Umih, j’ai ouvert des tiroirs qui étaient bien pourris, et j’ai gardé les dossiers. J’ai des noms. Tout le monde a pris du pognon, moi zéro.
Thierry MarxPrésident confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie
Une réponse qu'Adrien Pedrazzi n'a, de son côté, pas comprise. "Lorsque Bouillantes sort le podcast, je tombe des nues, confie-t-il à France 3 ce lundi. Cette déclaration choc de Marx a explosé, c'est plutôt un bad buzz mais moi je n’y suis pour rien, j'ai simplement demandé des éclaircissements dans un courrier. Et de là, il accuse les présidents ou les anciens présidents confédéraux de magouilles. Et le pire, c'est qu’il dit qu’il est au courant de ça et qu’il a couvert." "Nous, sur le terrain, on se bat et derrière, qu’est-ce qu’ils font ? Ça ouvre sur plein de questions", regrette-t-il aussi.
Une boîte de Pandore
Le président lot-et-garonnais a l'impression d'avoir été, avec ce courrier qu'il pensait ordinaire, "l'étincelle qui a fait exploser le système". "A priori, j’ai posé les bonnes questions, pour qu'il parte dans des révélations chocs comme ça, estime Pedrazzi. Ce sont des questions légitimes, comme l'a dit le commissaire aux comptes [en copie du courrier initial, NDLR]. Et qui méritent d’avoir des réponses."
Je pensais n’avoir aucun problème avec Thierry Marx mais a priori, il veut ma tête. Moi, je n'ai rien à me reprocher. Les comptes de l'Umih sont ouverts à tous les adhérents, qu’ils n’hésitent pas à venir.
Adrien PedrazziPrésident de l'Umih 47
Tout en se défendant d'avoir voulu lancer une quelconque "fronde", le président de l'Umih en Lot-et-Garonne souhaite maintenant que les propos de son président confédéral ne soient pas pris à la légère. "Je demande vraiment à ce que ses déclarations soient étudiées. (...) On a une instance nationale, notre directoire est garant des finances et des décisions prises au niveau national, c'est maintenant à eux qu’on demande, nous "petits" présidents, des explications. Et on attend les réponses."
À titre personnel, Adrien Pedrazzi a aussi déclaré se réserver "le droit de donner suite" aux propos de Marx le visant nommément. En déplacement à l'étranger, Thierry Marx n'était pas en mesure de nous répondre au moment de la publication de cet article.